Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°50 [octobre 2004 - décembre 2004]
© Passant n°50 [octobre 2004 - décembre 2004]
par Sarah Saada
Imprimer l'articleVingt-quatre juillet
Chant de déglutition
il y avait les jours
non
il y a le jour où
puis : terminé : histoire ancienne
plus quun seul jour un
ininterrompu langues coups
(pluriel : enchantement)
cest le jour évident du carnaval nègre
une seule fleur (entre les dents canaille
pour gravir le portail fragile-cadenassé)
ensuite
ensuite il ny a plus de lit
plus de peur
plus de foi il y a
le coffre à jouets
taillé pour contenir nos corps taillés
pour le coffre à jouets et lamour
cest le même jour : mercredi
midi les sirènes du baiser
vitesse vitesse sans peur aucune
(« le bord de leau » est-ce que ça existe vraiment ?
varicelle pour marquer le jour et les visages
attente
pluie battante dessus les exilés)
aux pieds meurtris de chaque forêt me guette
la maison qui nest presque plus maison
ruine calcinée verre préservatifs
et le carré denchantement vert
(vert ou bleu que mimporte
mais que le sol soit dhostilité noire
et que le carré tienne végétale son ignorance mathématique)
la maladie porte ton nom
viens à moi la fièvre me réjouit forces
viens à moi laisser la vie entière
à la vie entière ton nom plus tard même jour
de la main qui sait tout : jeter
les chlorures de benzalcodium perles
au cochon morne du cauchemar dadolescente
raconter lhistoire dite :
histoire ancienne longer
les champs damour anthracite
(dieu nexiste pas puisque tu existes
cela quil fallait démontrer)
onze joies denfants roumains coulées sur le béton sauvage
et une mère une pour laver les assiettes
baiser durine à la lisière encore des forêts sans images
plus tard baiser
pour faire venir lenfant davril, sous larbre
rivière de cailloux sans eau : regarde je nage
tu regardes et lhistoire regarde aussi
(griffes du chien doux fichées dans lil gauche
champignon vénéneux pour brûler la langue ivre mieux brûler)
le vieil homme pleure les robes des femmes
les voitures larges comme des robes de femmes
moi : quoi maintenant ? silence
te guetter
te guetter en bataille à toutes les fenêtres
corde tendue la bouche le battement les bras
dieu nexiste pas toi où es-tu ?
comme je tattendais (vingt x cent =
deux mille ans dexil) comme je tattends
cri de peur ? non de joie tu es là
viens prends cest le même jour
(question : qui épargna la branche de larbre de Judée
sil nest de souffle vrai que de mes lèvres
aux tiennes ?) tes lèvres
aux miennes clef
pour forcer toutes les portes terrains vagues
forteresse à coquelicots
va-et-vient velours dalgue des profondeurs amènes
coffre rouillé coffre ouvert : pas à moi
lil ne voit que lil tout savale
faim sommeil descendance (tout peut être avalé)
la langue qui fouille tout la parle tout la sait
moi je ne savais rien que la respiration
davant ton nom le chiffre
goulée de peur pour chercher lair
inspire recracher seulement je tattends toujours
plus à attendre rien que la poussière douce-éternelle
non
il y a le jour où
puis : terminé : histoire ancienne
plus quun seul jour un
ininterrompu langues coups
(pluriel : enchantement)
cest le jour évident du carnaval nègre
une seule fleur (entre les dents canaille
pour gravir le portail fragile-cadenassé)
ensuite
ensuite il ny a plus de lit
plus de peur
plus de foi il y a
le coffre à jouets
taillé pour contenir nos corps taillés
pour le coffre à jouets et lamour
cest le même jour : mercredi
midi les sirènes du baiser
vitesse vitesse sans peur aucune
(« le bord de leau » est-ce que ça existe vraiment ?
varicelle pour marquer le jour et les visages
attente
pluie battante dessus les exilés)
aux pieds meurtris de chaque forêt me guette
la maison qui nest presque plus maison
ruine calcinée verre préservatifs
et le carré denchantement vert
(vert ou bleu que mimporte
mais que le sol soit dhostilité noire
et que le carré tienne végétale son ignorance mathématique)
la maladie porte ton nom
viens à moi la fièvre me réjouit forces
viens à moi laisser la vie entière
à la vie entière ton nom plus tard même jour
de la main qui sait tout : jeter
les chlorures de benzalcodium perles
au cochon morne du cauchemar dadolescente
raconter lhistoire dite :
histoire ancienne longer
les champs damour anthracite
(dieu nexiste pas puisque tu existes
cela quil fallait démontrer)
onze joies denfants roumains coulées sur le béton sauvage
et une mère une pour laver les assiettes
baiser durine à la lisière encore des forêts sans images
plus tard baiser
pour faire venir lenfant davril, sous larbre
rivière de cailloux sans eau : regarde je nage
tu regardes et lhistoire regarde aussi
(griffes du chien doux fichées dans lil gauche
champignon vénéneux pour brûler la langue ivre mieux brûler)
le vieil homme pleure les robes des femmes
les voitures larges comme des robes de femmes
moi : quoi maintenant ? silence
te guetter
te guetter en bataille à toutes les fenêtres
corde tendue la bouche le battement les bras
dieu nexiste pas toi où es-tu ?
comme je tattendais (vingt x cent =
deux mille ans dexil) comme je tattends
cri de peur ? non de joie tu es là
viens prends cest le même jour
(question : qui épargna la branche de larbre de Judée
sil nest de souffle vrai que de mes lèvres
aux tiennes ?) tes lèvres
aux miennes clef
pour forcer toutes les portes terrains vagues
forteresse à coquelicots
va-et-vient velours dalgue des profondeurs amènes
coffre rouillé coffre ouvert : pas à moi
lil ne voit que lil tout savale
faim sommeil descendance (tout peut être avalé)
la langue qui fouille tout la parle tout la sait
moi je ne savais rien que la respiration
davant ton nom le chiffre
goulée de peur pour chercher lair
inspire recracher seulement je tattends toujours
plus à attendre rien que la poussière douce-éternelle