Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°45-46 [juin 2003 - septembre 2003]
© Passant n°45-46 [juin 2003 - septembre 2003]
par Emmanuel Renault
Imprimer l'articleDécrit par les yeux
Et si lirrationalité sociale ne relevait plus tant aujourdhui dune injustice (répartition inégale des richesses) que de pathologies sociales (ordre social imposant aux individus une existence toujours plus dégradée) [A. Honneth, Das Andere der Gerechtigkeit, Surhkamp, 2001] ? Non parce que le monde est juste il est plus injuste que jamais , mais simplement parce quil est toujours plus invivable. Et si, dans ce monde, les modes de justification de lordre social ne passaient plus tant par des grands discours de légitimation, que par des descriptions qui rendent toujours plus séduisantes les réussites dans lexistence ordinaire (la vie comme loft), toujours plus invisibles les souffrances dans lexistence ordinaire banalisation de linjustice sociale ? Et si lidéologie passait ainsi par lanesthésie des yeux ? Et si lhomme normal sattachait ainsi au monde non comme à un spectacle (fuite dans le spectaculaire) mais comme à un décor (leurres et mise en perspective) ? Alors, la critique ne devrait-elle pas chercher à métamorphoser notre expérience, en subvertissant les descriptions qui la recouvrent, et prendre ainsi la forme dune mise à jour du monde/ouverture de lhorizon [A. Honneth, « La critique sociale comme mise à jour », in Y. Sintomer, Où en est la Théorie critique ?, La découverte, 2003] ?
Je suis Jacques R, jai 35 ans, je mange le JT allumé : Jean-Marie Messier [France 2, 20h20, le 15/11/2002] dit quil ne vient pas pour vendre son livre [J.-M. Messier, Mon vrai journal, Ed. Gallimard, nov. 2002] mais « pour CONTRIBUER A LAPPARENCE, euh , à lapparition de la vérité ».
Jai bien mangé, je sors pour prendre un verre, au coin de la rue, deux beurs se font contrôler. Les choses semblent mal tourner, je reste un instant pour regarder. Une voiture banalisée arrive en trombe et deux policiers de la BAC sortent en courant, la matraque à la main. Pour ne pas éveiller les soupçons, lun dentre eux porte un Kehfie : « vous navez rien à faire ici, circulez maintenant ; laissez nous faire notre travail ». Je poursuis mon chemin jusquau bar. Parmi les clients, je retrouve Antoine qui vient de finir son CDD, il faudra que je lui fasse un CV. Nous buvons tranquillement en écoutant un peu les clients. Ils parlent dune privatisation partielle de la Sécurité sociale [France Inter, le 11/11/2002, 8h20 : Mr Garot, ministre de la Santé, annonce quil envisage de réserver le remboursement des soins par la Caisse Primaire dAssurance Maladie aux maladies les plus graves. Propos nuancés dans Le Monde, le 12/11/2002]. Pour les uns, cela semble très grave, pour un autre moins puisquil ne va jamais chez le médecin, un autre ne trouve pas étonnant que le trou de la sécu saggrave puisquon engraisse les médecins et aussi les dentistes. Je préfère ne pas prendre parti. Nous continuons à boire puis deux jeunes entrent dans le bar. Je les reconnais car je les ai vus tout à lheure, dans la rue. Ils parlent fort et commandent un café. Ils ont lair énervé. Nous finissons nos verres. Antoine veut rester en boire un autre, je suis fatigué, je vais me coucher. Le lendemain matin, mes informations habituelles sont supprimées par la grève [Du 15/11/2002 au 19/11/2002, les programmes de Radio France sont perturbés par un mouvement social]. Je tombe sur une autre radio qui parle de la poursuite dune grève des inspecteurs du permis de conduire et qui annonce dautres grèves à venir, celle de lEurostar [France Info, 18/11, en boucle : seul un Euro Star a quitté Paris vers 11h sous la protection des CRS], celle de la Télé [France 2, en incrustation, à 13h : en raison de larrêt dune certaine catégorie de personnel, nous ne pouvons assurer la diffusion de nos programmes habituels], et celle des camionneurs routiers. On évoque un nouveau novembre-décembre 1995. Ensuite Jean-Marie Messier vient sexpliquer [Europe 1, 15/11/2002, 8h20].
Décrit, parlé, montré, en long et en large, tout est naturel. Dans les images je mattache au monde. Grève des images = solitude et expérience du monde, vision dun horizon ?/ XXIII : La solitude/ A ce stade déclarer : « Vous êtes des héros parce que nous avons besoin de votre solitude/ XLVIII : Anywhere out of world/ et quun monde souvre à vous »
[Christophe Hanna, Petits poëmes en prose, Al Dante, 1998, p. 29, 31].
Je suis Armin M., jai 41 ans, jai un bon métier, je suis ancien sergent-major dans la Bundeswehr, je suis informaticien, je vis dans une maison campagnarde à Rotenburg, je vis seul depuis le décès de ma mère que jaimais tant, je suis Armin M., justicier des temps nouveaux.
Je suis Armin M., on mappelle le « cannibale de Rotenburg », cest seulement depuis mon arrestation quon mappelle le « cannibale de Rotenburg », mais peu importe puisquen droit allemand, le délit de cannibalisme est tout simplement incon-nu, peu importe puisquon nen parlera pas plus dune semaine.
Certains ne sortent plus de chez eux et croient fuir sur internet : discours, jeux et rencontres dans dautres mondes. Certains ne sortent plus de chez eux, mais moi jai un bon métier et cest pour que la justice règne dans ce monde que je cherche sur internet.
Sur internet, il existe des Forums
spécialisés où jai laissé ce message : « Je cherche un homme jeune ; tu as au maximum 30 ans et un corps normal ? Je veux te tuer et consommer avec volupté ta chair succulente » [Le Monde, 16/12/2002, p. 5]. Nombreux sont ceux qui ont répondu.
Je suis Bern Jürgen Brandes, jai 40 ans, jai un métier dingénieur, jai un appartement à Berlin, je suis allé à Rotenburg, jai passé la soirée avec Armin M, il a découpé mon pénis puis nous lavons mangé, il nous a filmé, puis il ma tué, dépecé puis mangé, il sest filmé.
On a trouvé des restes humains dans le réfrigérateur et des ossements dans le jardin. On a également trouvé et regardé les vidéos où nous mangions, où moi, Armin M, je tuais puis je mangeais. Jai tout de suite avoué car je nai pas honte de faire savoir à des inconnus quils peuvent servir à quel-que chose dagréable, de sociable.
Quà chacun revienne ce qui lui est dû. Que cette définition de la justice soit applicable toujours et partout, même là où le monde est invivable, même si linjustice banalisée passe par des descriptions.
Tout va bien puisque le 11 septembre 2001, jai longuement regardé des corps se jeter du haut dun immeuble en feu sans sourciller, jai apprécié que lon ait retiré le son quils faisaient en sécrasant au sol [C. Rees, Putain, cest la guerre ! Denoel, 2003], tout comme la musique classique qui accompagnait les images [C. Fiat, New-york 2001, Al Dante, 2002].
Tout va bien puisque jai depuis regardé à de nombreuses reprises avec curiosité un Taliban se faire exécuter finalement à bout portant par un soldat apeuré qui sy reprenait de nombreuses fois, sous les encouragements de larmée du nord.
Tout va bien puisque je me souviens maintenant à peine davoir vu en 1991 les ruines carbonisées dune armée iraquienne battant retraite dont tous les soldats étaient morts asphixiés par une bombe calcinant loxygène qui leur retournait les poumons : tout dabord ils sortaient par la bouche puis leur collaient au visage comme un airbag et cachaient au grand jour leurs faces brûlées.
Tout va bien puisque par le chaos, larmée peut prouver quelle apporte liberté et prospérité à tous ceux qui survivent, et quelle les attache aux images, et quelle nen a que foutre des légitimations puisquil suffit de décrire la toute puissance pour la justifier.
Défense, offensive et protection : je marche au radar, tout se passe comme prévu, par ailleurs je nai rien vu et jai déjà tout oublié.
Après quelques mois dobservation, on peut également conclure en 2003 que la droite en France communique. Raffarin sait communiquer, Sarkozy sait communiquer, Mer ne sait pas communiquer, Ferry joue le jeu des media alors quadroitement communiquer cest diriger.
Créez le décor dans lequel les projets perdent leurs aspérités : 1) Leurres : organisez des fuites à propos des avant-projets sur la sécurité et la justice, faites en sorte que des dispositions excessives retiennent toute lattention, et rendez ensuite public un texte qui semble en retrait tout en conservant les objectifs fondamentaux ; 2) Perspectives : annoncez que vous prendrez tout votre temps pour régler le grave problème des retraites, commencez le plus tôt possible à lancer les idées qui présagent des ajustements plus draconiens encore que ceux que vous envisagez, protestez de votre bonne foi en expliquant que vous avez été mal compris et que bien entendu, toutes les concertations seront entreprises, quil faudra néanmoins se résigner à voir les choses en face ; 3) Pour cette opération, prévoyez une année, que tout converge pour le départ en vacances ; 4) Tout est tellement compliqué, laissez nous nous en occuper, ayez confiance, tout va bien se passer ; 5) Je vous enverrai même des lettres.
Aujourdhui, le secrétaire américain à la défense Rumsfeld reproche aux media de sous-estimer les joies de la population iraquienne : « A la télévision, vous voyez sans arrêt les mêmes images. Des gens quittent un bâtiment avec un vase [ ]. Y a-t-il donc tant de vases dans ce pays ? » [Le Monde, 13-14/04/2003, p. 3]. Aujourdhui, un conseiller américain spécialiste de géostratégie a dénoncé le « mythe de la rue arabe » : « Il ny a pas de rue sous les dictatures, a-t-on jamais eu lidée de parler de la rue soviétique, ou de la rue nazie ! » [France Inter, 14/04/2003, 8h50]. George W. Bush vient de déclarer qu« aujourdhui le monde est plus sûr et la liberté est en marche » [France 3, 15/04/2003, 19h35] et comment décrire sa course ?
Aujourdhui je narrive plus à parler parce que jessaie de parler anglais, et je narrive plus à penser parce que jessaie de penser et je narrive plus à former lidée de lavenir parce quaujourdhui le futur a été englouti, et je vais demander un passeport américain pour me subvertir moi depuis la plante des pieds et sauter du haut de lembassy avec lui sur mon cur pour montrer quil serait anormal quune société est malade parce quune société ne peut pas souffrir et quune maladie ça saute aux yeux.
Je suis Jacques R, jai 35 ans, je mange le JT allumé : Jean-Marie Messier [France 2, 20h20, le 15/11/2002] dit quil ne vient pas pour vendre son livre [J.-M. Messier, Mon vrai journal, Ed. Gallimard, nov. 2002] mais « pour CONTRIBUER A LAPPARENCE, euh , à lapparition de la vérité ».
Jai bien mangé, je sors pour prendre un verre, au coin de la rue, deux beurs se font contrôler. Les choses semblent mal tourner, je reste un instant pour regarder. Une voiture banalisée arrive en trombe et deux policiers de la BAC sortent en courant, la matraque à la main. Pour ne pas éveiller les soupçons, lun dentre eux porte un Kehfie : « vous navez rien à faire ici, circulez maintenant ; laissez nous faire notre travail ». Je poursuis mon chemin jusquau bar. Parmi les clients, je retrouve Antoine qui vient de finir son CDD, il faudra que je lui fasse un CV. Nous buvons tranquillement en écoutant un peu les clients. Ils parlent dune privatisation partielle de la Sécurité sociale [France Inter, le 11/11/2002, 8h20 : Mr Garot, ministre de la Santé, annonce quil envisage de réserver le remboursement des soins par la Caisse Primaire dAssurance Maladie aux maladies les plus graves. Propos nuancés dans Le Monde, le 12/11/2002]. Pour les uns, cela semble très grave, pour un autre moins puisquil ne va jamais chez le médecin, un autre ne trouve pas étonnant que le trou de la sécu saggrave puisquon engraisse les médecins et aussi les dentistes. Je préfère ne pas prendre parti. Nous continuons à boire puis deux jeunes entrent dans le bar. Je les reconnais car je les ai vus tout à lheure, dans la rue. Ils parlent fort et commandent un café. Ils ont lair énervé. Nous finissons nos verres. Antoine veut rester en boire un autre, je suis fatigué, je vais me coucher. Le lendemain matin, mes informations habituelles sont supprimées par la grève [Du 15/11/2002 au 19/11/2002, les programmes de Radio France sont perturbés par un mouvement social]. Je tombe sur une autre radio qui parle de la poursuite dune grève des inspecteurs du permis de conduire et qui annonce dautres grèves à venir, celle de lEurostar [France Info, 18/11, en boucle : seul un Euro Star a quitté Paris vers 11h sous la protection des CRS], celle de la Télé [France 2, en incrustation, à 13h : en raison de larrêt dune certaine catégorie de personnel, nous ne pouvons assurer la diffusion de nos programmes habituels], et celle des camionneurs routiers. On évoque un nouveau novembre-décembre 1995. Ensuite Jean-Marie Messier vient sexpliquer [Europe 1, 15/11/2002, 8h20].
Décrit, parlé, montré, en long et en large, tout est naturel. Dans les images je mattache au monde. Grève des images = solitude et expérience du monde, vision dun horizon ?/ XXIII : La solitude/ A ce stade déclarer : « Vous êtes des héros parce que nous avons besoin de votre solitude/ XLVIII : Anywhere out of world/ et quun monde souvre à vous »
[Christophe Hanna, Petits poëmes en prose, Al Dante, 1998, p. 29, 31].
Je suis Armin M., jai 41 ans, jai un bon métier, je suis ancien sergent-major dans la Bundeswehr, je suis informaticien, je vis dans une maison campagnarde à Rotenburg, je vis seul depuis le décès de ma mère que jaimais tant, je suis Armin M., justicier des temps nouveaux.
Je suis Armin M., on mappelle le « cannibale de Rotenburg », cest seulement depuis mon arrestation quon mappelle le « cannibale de Rotenburg », mais peu importe puisquen droit allemand, le délit de cannibalisme est tout simplement incon-nu, peu importe puisquon nen parlera pas plus dune semaine.
Certains ne sortent plus de chez eux et croient fuir sur internet : discours, jeux et rencontres dans dautres mondes. Certains ne sortent plus de chez eux, mais moi jai un bon métier et cest pour que la justice règne dans ce monde que je cherche sur internet.
Sur internet, il existe des Forums
spécialisés où jai laissé ce message : « Je cherche un homme jeune ; tu as au maximum 30 ans et un corps normal ? Je veux te tuer et consommer avec volupté ta chair succulente » [Le Monde, 16/12/2002, p. 5]. Nombreux sont ceux qui ont répondu.
Je suis Bern Jürgen Brandes, jai 40 ans, jai un métier dingénieur, jai un appartement à Berlin, je suis allé à Rotenburg, jai passé la soirée avec Armin M, il a découpé mon pénis puis nous lavons mangé, il nous a filmé, puis il ma tué, dépecé puis mangé, il sest filmé.
On a trouvé des restes humains dans le réfrigérateur et des ossements dans le jardin. On a également trouvé et regardé les vidéos où nous mangions, où moi, Armin M, je tuais puis je mangeais. Jai tout de suite avoué car je nai pas honte de faire savoir à des inconnus quils peuvent servir à quel-que chose dagréable, de sociable.
Quà chacun revienne ce qui lui est dû. Que cette définition de la justice soit applicable toujours et partout, même là où le monde est invivable, même si linjustice banalisée passe par des descriptions.
Tout va bien puisque le 11 septembre 2001, jai longuement regardé des corps se jeter du haut dun immeuble en feu sans sourciller, jai apprécié que lon ait retiré le son quils faisaient en sécrasant au sol [C. Rees, Putain, cest la guerre ! Denoel, 2003], tout comme la musique classique qui accompagnait les images [C. Fiat, New-york 2001, Al Dante, 2002].
Tout va bien puisque jai depuis regardé à de nombreuses reprises avec curiosité un Taliban se faire exécuter finalement à bout portant par un soldat apeuré qui sy reprenait de nombreuses fois, sous les encouragements de larmée du nord.
Tout va bien puisque je me souviens maintenant à peine davoir vu en 1991 les ruines carbonisées dune armée iraquienne battant retraite dont tous les soldats étaient morts asphixiés par une bombe calcinant loxygène qui leur retournait les poumons : tout dabord ils sortaient par la bouche puis leur collaient au visage comme un airbag et cachaient au grand jour leurs faces brûlées.
Tout va bien puisque par le chaos, larmée peut prouver quelle apporte liberté et prospérité à tous ceux qui survivent, et quelle les attache aux images, et quelle nen a que foutre des légitimations puisquil suffit de décrire la toute puissance pour la justifier.
Défense, offensive et protection : je marche au radar, tout se passe comme prévu, par ailleurs je nai rien vu et jai déjà tout oublié.
Après quelques mois dobservation, on peut également conclure en 2003 que la droite en France communique. Raffarin sait communiquer, Sarkozy sait communiquer, Mer ne sait pas communiquer, Ferry joue le jeu des media alors quadroitement communiquer cest diriger.
Créez le décor dans lequel les projets perdent leurs aspérités : 1) Leurres : organisez des fuites à propos des avant-projets sur la sécurité et la justice, faites en sorte que des dispositions excessives retiennent toute lattention, et rendez ensuite public un texte qui semble en retrait tout en conservant les objectifs fondamentaux ; 2) Perspectives : annoncez que vous prendrez tout votre temps pour régler le grave problème des retraites, commencez le plus tôt possible à lancer les idées qui présagent des ajustements plus draconiens encore que ceux que vous envisagez, protestez de votre bonne foi en expliquant que vous avez été mal compris et que bien entendu, toutes les concertations seront entreprises, quil faudra néanmoins se résigner à voir les choses en face ; 3) Pour cette opération, prévoyez une année, que tout converge pour le départ en vacances ; 4) Tout est tellement compliqué, laissez nous nous en occuper, ayez confiance, tout va bien se passer ; 5) Je vous enverrai même des lettres.
Aujourdhui, le secrétaire américain à la défense Rumsfeld reproche aux media de sous-estimer les joies de la population iraquienne : « A la télévision, vous voyez sans arrêt les mêmes images. Des gens quittent un bâtiment avec un vase [ ]. Y a-t-il donc tant de vases dans ce pays ? » [Le Monde, 13-14/04/2003, p. 3]. Aujourdhui, un conseiller américain spécialiste de géostratégie a dénoncé le « mythe de la rue arabe » : « Il ny a pas de rue sous les dictatures, a-t-on jamais eu lidée de parler de la rue soviétique, ou de la rue nazie ! » [France Inter, 14/04/2003, 8h50]. George W. Bush vient de déclarer qu« aujourdhui le monde est plus sûr et la liberté est en marche » [France 3, 15/04/2003, 19h35] et comment décrire sa course ?
Aujourdhui je narrive plus à parler parce que jessaie de parler anglais, et je narrive plus à penser parce que jessaie de penser et je narrive plus à former lidée de lavenir parce quaujourdhui le futur a été englouti, et je vais demander un passeport américain pour me subvertir moi depuis la plante des pieds et sauter du haut de lembassy avec lui sur mon cur pour montrer quil serait anormal quune société est malade parce quune société ne peut pas souffrir et quune maladie ça saute aux yeux.