Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°40-41 [mai 2002 - septembre 2002]
© Passant n°40-41 [mai 2002 - septembre 2002]
par Gilles Mangard
Imprimer l'articleDe lamitié et de la politique
Le spectacle donné par nos partis politiques est accablant. Tout occupés quils sont par des luttes de pouvoir, ils délaissent leur rôle premier, principal, fondamental : le maintien dun système démocratique dans le respect des dynamiques de confrontation. Le XXe siècle sest clos sur un constat médiocre. Des idées généreuses et novatrices y sont pourtant apparues. Une vraie fraternité humaine sest concertée, a réfléchi, sest levée et battue à plusieurs reprises. Au nom de lidéal qui nous faisait combattre, et qui nous pousse encore à nous battre aujourdhui, chantait le poète. Cétait compter sans la vanité et lorgueil des hommes de pouvoir. Portés au sommet (mais au sommet de quoi, justement ?) par les urnes ou les armes, par les compromissions, les arrangements, les stratégies politiciennes, ils se sont empressés de trahir leurs amis, avec lexcuse dun pays à reconstruire, dune révolution à faire, dun génocide à organiser, dune guerre à gagner, ou pas dexcuse du tout. Et Staline élimine Trotski, Fidel envoie le Che se faire voir (là, pas la peine de se lancer dans lénumération, il faudrait y consacrer le Passant en entier, avec une palme pour le plus drôle, le plus ridicule : lépisode Balladur-Chirac).
La manière lamentable avec laquelle notre ancien Premier ministre sest enfui, refusant la critique et le combat, montre tout dabord limmense décalage entre la disproportion de son ego et son manque denvergure humaine mais surtout comment il considérait son « outil politique ». Juste le moyen darriver au pouvoir. On labandonne quand ça ne marche pas. Les belles idées de gauche ? Elles ne servaient plus à rien depuis longtemps. On en a essayé dautres, mais ça na pas marché non plus. Les fascistes sont là, cest dommage. Mais tant pis, salut, je prends ma retraite et je vous souhaite bonne chance Il y a bien un adjectif qui définit ce genre de comportement, lutiliser me répugne.
Il serait toutefois trop facile denterrer un peu vite les « partis de la gauche traditionnelle ». Les hommes sont toujours là, il ne faut pas les oublier. Et même trahis par leurs dirigeants, ils sont encore debout. Les mêmes idées généreuses et novatrices circulent lorsque deux amis se retrouvent pour se chauffer autour des mots, pour partager un verre, pour soffrir la nuit blanche ou pour rejoindre dautres dans la lutte sociale Parce qualors il nest pas question de pouvoir, mais de changement, de transformation, davancée, de dynamisme humain. Ce nest pas denterrer la vieille gauche et den créer une nouvelle (comme si ça voulait dire quelque chose, ce que je viens décrire) qui importe, mais den finir avec des comportements puérils et dangereux, dapprendre à repérer très vite ceux qui se servent des autres à leur fin personnelle. Le pouvoir nest pas un but en soi, il se partage entre tous.
Depuis longtemps en débat (et lon se souvient des luttes autogestionnaires), la question du pouvoir et de la manière de lexercer reste plus que jamais prégnante. Car si la politique définit la manière de gérer une société que lon souhaite la plus confraternelle possible, pour certains malheureusement, elle restera juste un moyen daccumuler un peu plus de pouvoir. Comme si celui-ci donnait de la puissance Cest un leurre.
Pour nombre dentre nous, cette période est triste, douloureuse. Ce monde ne va pas bien. Parce quil est facile de construire un enfer sur la peur de lhomme. La peur de lhomme se nourrit de sa solitude, de son isolement social. La plus belle richesse de lêtre humain, ce sont ses amis. Cest un rude travail que de vouloir changer le monde. On ne peut pas le faire pour soi tout seul et je me méfie comme de la peste (quelle soit brune ou rouge un peu trop mûr) des grands libérateurs. Ce monde, on va le changer pour ses amis, et surtout, avec eux. De lexigence que lon simpose et quon attend de ses « presque-frères », du respect de simples valeurs qui ont pour nom fidélité et générosité, moi, je suis sûr quon peut se la refaire, cette politique vivante et efficace. Si nos énarques dominateurs avaient eu de vrais amis parmi le peuple qui souffre et sexprime dans la douleur aujourdhui, nous nen serions certainement pas là. Cest quand on exclut le vivant du centre du débat que lhumanité recule. Lhomme nest pas une idée avec laquelle on joue pour engraisser son ego. Il est un animal qui pense et qui, quand on lui en donne le temps et les moyens, apprend très vite. Comment faire le bien, mais comment faire le mal aussi. Cest dans ce choix que réside le vrai pouvoir.
La manière lamentable avec laquelle notre ancien Premier ministre sest enfui, refusant la critique et le combat, montre tout dabord limmense décalage entre la disproportion de son ego et son manque denvergure humaine mais surtout comment il considérait son « outil politique ». Juste le moyen darriver au pouvoir. On labandonne quand ça ne marche pas. Les belles idées de gauche ? Elles ne servaient plus à rien depuis longtemps. On en a essayé dautres, mais ça na pas marché non plus. Les fascistes sont là, cest dommage. Mais tant pis, salut, je prends ma retraite et je vous souhaite bonne chance Il y a bien un adjectif qui définit ce genre de comportement, lutiliser me répugne.
Il serait toutefois trop facile denterrer un peu vite les « partis de la gauche traditionnelle ». Les hommes sont toujours là, il ne faut pas les oublier. Et même trahis par leurs dirigeants, ils sont encore debout. Les mêmes idées généreuses et novatrices circulent lorsque deux amis se retrouvent pour se chauffer autour des mots, pour partager un verre, pour soffrir la nuit blanche ou pour rejoindre dautres dans la lutte sociale Parce qualors il nest pas question de pouvoir, mais de changement, de transformation, davancée, de dynamisme humain. Ce nest pas denterrer la vieille gauche et den créer une nouvelle (comme si ça voulait dire quelque chose, ce que je viens décrire) qui importe, mais den finir avec des comportements puérils et dangereux, dapprendre à repérer très vite ceux qui se servent des autres à leur fin personnelle. Le pouvoir nest pas un but en soi, il se partage entre tous.
Depuis longtemps en débat (et lon se souvient des luttes autogestionnaires), la question du pouvoir et de la manière de lexercer reste plus que jamais prégnante. Car si la politique définit la manière de gérer une société que lon souhaite la plus confraternelle possible, pour certains malheureusement, elle restera juste un moyen daccumuler un peu plus de pouvoir. Comme si celui-ci donnait de la puissance Cest un leurre.
Pour nombre dentre nous, cette période est triste, douloureuse. Ce monde ne va pas bien. Parce quil est facile de construire un enfer sur la peur de lhomme. La peur de lhomme se nourrit de sa solitude, de son isolement social. La plus belle richesse de lêtre humain, ce sont ses amis. Cest un rude travail que de vouloir changer le monde. On ne peut pas le faire pour soi tout seul et je me méfie comme de la peste (quelle soit brune ou rouge un peu trop mûr) des grands libérateurs. Ce monde, on va le changer pour ses amis, et surtout, avec eux. De lexigence que lon simpose et quon attend de ses « presque-frères », du respect de simples valeurs qui ont pour nom fidélité et générosité, moi, je suis sûr quon peut se la refaire, cette politique vivante et efficace. Si nos énarques dominateurs avaient eu de vrais amis parmi le peuple qui souffre et sexprime dans la douleur aujourdhui, nous nen serions certainement pas là. Cest quand on exclut le vivant du centre du débat que lhumanité recule. Lhomme nest pas une idée avec laquelle on joue pour engraisser son ego. Il est un animal qui pense et qui, quand on lui en donne le temps et les moyens, apprend très vite. Comment faire le bien, mais comment faire le mal aussi. Cest dans ce choix que réside le vrai pouvoir.