Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°38 [janvier 2002 - février 2002]
© Passant n°38 [janvier 2002 - février 2002]
par La Rédaction
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Ed. Mc Bain, Leçons de conduite (trad. de laméricain par Thierry Marignac, Rivages/Noir, 5,95 E). Une belle leçon de conduite criminelle menée par un maître du roman noir américain : ou comment un banal accident de voiture se révèle être une histoire damour qui tourne mal. Un bijou denquête criminelle tassée dans 90 pages et pas une de trop.
B.D.
Didier Daeninckx, 12, rue Meckert (Série Noire, 8 E. Ce que Didier Daeninckx sait mener de main de maître, cest le polar dinvestigation, et son dernier roman ne faillit pas à la solide réputation de son auteur.
Maxime Lisbonne, journaliste spécialisé dans le fait divers, mène une enquête à plusieurs étages : sur un réseau pédophile, berrichon dans son implantation dorigine ; sur lexhumation dun canard spécialisé dans les faits divers auquel il participa, dix ans auparavant, et dont les anciens collaborateurs tombent comme des mouches ; enfin faire revivre la figure de son homonyme du temps de la Commune de Paris, ami de Louise Michel. Bref, il y a mise en abîme du présent et du passé, de lhistoire et du fait divers, maelström séduisant et inquiétant dont on nest pas tenu de partager les conclusions proposées par lauteur.
B.D.
Michel Husson, Le grand bluff capitaliste, (préface de Daniel Bensaïd, Paris, La Dispute, 2001), déjà connu pour ses travaux sur lemploi et le marché du travail au sein de lInstitut de Recherches Economiques et Sociales, nous propose un nouveau livre dans lequel les citoyens conscients que quelque chose ne tourne pas rond dans le monde dominé par le capitalisme pourront puiser matière à réflexion critique.
Dans la première partie, il passe en revue tous les poncifs qui font la une des journaux et la fortune des essayistes libéraux ou assimilés : le monde serait entré dans une nouvelle économie portée par une nouvelle technologie et prometteuse dune nouvelle croissance au sein dune mondialisation que certains osent appeler « heureuse ». De manière claire, pédagogique et sérieuse, M. Husson démonte toutes ces affirmations qui sont autant de bluffs du capitalisme car celui-ci est incapable de répondre aux besoins sociaux : il ne se révèle performant que pour lappropriation des richesses au bénéfice dune minorité sur la planète.
Dans la deuxième partie de son livre, lauteur esquisse une refondation de lanticapitalisme sur un double plan : pratique dabord, en faisant léloge de la gratuité, des services publics, et en plaidant pour la taxation du capital ; théorique ensuite, à partir dun dépassement du réformisme keynésien, tout à fait indispensable mais insuffisant, au sein dun radicalisme largement inspiré de Marx qui permet de saisir que « la crise renvoie aux limites et contradictions associées à la recherche du profit comme critère dominant du calcul économique. La crise est donc systémique. » (p. 167).
Gageons que les économistes trouveront aussi dans ce livre de quoi nourrir leurs débats techniques : quels liens y a-t-il entre lévolution de laccumulation du capital et celle de la productivité du travail ? Ce nest pas la moindre des contradictions du capitalisme que laccumulation pousse à lamélioration incessante de la productivité au point dentraîner une baisse continuelle des prix industriels permettant à la demande de sorienter vers les services dans lesquels les potentialités de gains de productivité et donc de profit sont plus faibles. A moins que le capital financier ne réussisse à semparer de limmense gâteau des retraites, de la santé et de léducation Nous sommes prévenus.
J.M.H.
John Le Carré, La constance du jardinier (Trad. de langlais par Mimi et Isabelle Perrin, éd. Le Seuil, 22,50 E) est un livre dindignation : comment Justin Quayle, fonctionnaire modèle du Service des Affaires Etrangères britannique, en poste dans la capitale du Kenya découvre le visage dissimulé du post-colonialisme à travers lassassinat sauvage de sa jeune et brillante épouse.
Lenquête que Justin mène en plongeant dans la clandestinité la plus totale lui fait découvrir la puissance des multinationales pharmaceutiques, en symbiose étroite avec lappareil dEtat de son pays. De telle sorte que les armes un peu conventionnelles du thriller sont ici au service dune juste cause. « Bien creusé, vieille taupe ! »
B.D.
Lydie Pearl, Corps, sexe et art (Paris, LHarmattan, 2001) Critiques subversifs de lEtat ? Innovateurs rebelles ? Que font les artistes dans un monde déshumanisé où le politique est affaibli ? Comme le souligne lauteur, fin connaisseur des uvres proposées à lanalyse, les artistes mettent en tension le rapport entre le politique et lintime : mise en jeu des limites, mises en scène dun chaos de corps décomposés, solitude, coupure de relation à lautre, transgression des frontières identitaires entre féminin et masculin, et indifférenciation dans la fusion. Cet ouvrage danthropologie du champ de lart renouvelle lapproche politique des uvres contemporaines en la confrontant à la mondialisation des marchés.
M.F.
B.D.
Didier Daeninckx, 12, rue Meckert (Série Noire, 8 E. Ce que Didier Daeninckx sait mener de main de maître, cest le polar dinvestigation, et son dernier roman ne faillit pas à la solide réputation de son auteur.
Maxime Lisbonne, journaliste spécialisé dans le fait divers, mène une enquête à plusieurs étages : sur un réseau pédophile, berrichon dans son implantation dorigine ; sur lexhumation dun canard spécialisé dans les faits divers auquel il participa, dix ans auparavant, et dont les anciens collaborateurs tombent comme des mouches ; enfin faire revivre la figure de son homonyme du temps de la Commune de Paris, ami de Louise Michel. Bref, il y a mise en abîme du présent et du passé, de lhistoire et du fait divers, maelström séduisant et inquiétant dont on nest pas tenu de partager les conclusions proposées par lauteur.
B.D.
Michel Husson, Le grand bluff capitaliste, (préface de Daniel Bensaïd, Paris, La Dispute, 2001), déjà connu pour ses travaux sur lemploi et le marché du travail au sein de lInstitut de Recherches Economiques et Sociales, nous propose un nouveau livre dans lequel les citoyens conscients que quelque chose ne tourne pas rond dans le monde dominé par le capitalisme pourront puiser matière à réflexion critique.
Dans la première partie, il passe en revue tous les poncifs qui font la une des journaux et la fortune des essayistes libéraux ou assimilés : le monde serait entré dans une nouvelle économie portée par une nouvelle technologie et prometteuse dune nouvelle croissance au sein dune mondialisation que certains osent appeler « heureuse ». De manière claire, pédagogique et sérieuse, M. Husson démonte toutes ces affirmations qui sont autant de bluffs du capitalisme car celui-ci est incapable de répondre aux besoins sociaux : il ne se révèle performant que pour lappropriation des richesses au bénéfice dune minorité sur la planète.
Dans la deuxième partie de son livre, lauteur esquisse une refondation de lanticapitalisme sur un double plan : pratique dabord, en faisant léloge de la gratuité, des services publics, et en plaidant pour la taxation du capital ; théorique ensuite, à partir dun dépassement du réformisme keynésien, tout à fait indispensable mais insuffisant, au sein dun radicalisme largement inspiré de Marx qui permet de saisir que « la crise renvoie aux limites et contradictions associées à la recherche du profit comme critère dominant du calcul économique. La crise est donc systémique. » (p. 167).
Gageons que les économistes trouveront aussi dans ce livre de quoi nourrir leurs débats techniques : quels liens y a-t-il entre lévolution de laccumulation du capital et celle de la productivité du travail ? Ce nest pas la moindre des contradictions du capitalisme que laccumulation pousse à lamélioration incessante de la productivité au point dentraîner une baisse continuelle des prix industriels permettant à la demande de sorienter vers les services dans lesquels les potentialités de gains de productivité et donc de profit sont plus faibles. A moins que le capital financier ne réussisse à semparer de limmense gâteau des retraites, de la santé et de léducation Nous sommes prévenus.
J.M.H.
John Le Carré, La constance du jardinier (Trad. de langlais par Mimi et Isabelle Perrin, éd. Le Seuil, 22,50 E) est un livre dindignation : comment Justin Quayle, fonctionnaire modèle du Service des Affaires Etrangères britannique, en poste dans la capitale du Kenya découvre le visage dissimulé du post-colonialisme à travers lassassinat sauvage de sa jeune et brillante épouse.
Lenquête que Justin mène en plongeant dans la clandestinité la plus totale lui fait découvrir la puissance des multinationales pharmaceutiques, en symbiose étroite avec lappareil dEtat de son pays. De telle sorte que les armes un peu conventionnelles du thriller sont ici au service dune juste cause. « Bien creusé, vieille taupe ! »
B.D.
Lydie Pearl, Corps, sexe et art (Paris, LHarmattan, 2001) Critiques subversifs de lEtat ? Innovateurs rebelles ? Que font les artistes dans un monde déshumanisé où le politique est affaibli ? Comme le souligne lauteur, fin connaisseur des uvres proposées à lanalyse, les artistes mettent en tension le rapport entre le politique et lintime : mise en jeu des limites, mises en scène dun chaos de corps décomposés, solitude, coupure de relation à lautre, transgression des frontières identitaires entre féminin et masculin, et indifférenciation dans la fusion. Cet ouvrage danthropologie du champ de lart renouvelle lapproche politique des uvres contemporaines en la confrontant à la mondialisation des marchés.
M.F.