Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°37 [novembre 2001 - décembre 2001]
© Passant n°37 [novembre 2001 - décembre 2001]
par Christine Vivier
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Des milliers de corps se frôlent, se rencontrent.
Certains se dénudent, se caressent, corps téméraires.
Les autres se cachent, corps frileux.
Secrets enfouis dans les chairs, des frissons qui
affleurent, périphérie.
Des douleurs, au centre, passions circonscrites dans les formes organiques.
Une larme séchappe, fuit loppression intérieure dun instant.
Corps partage, corps cadeau. Je toffre ce que je possède de plus précieux : corps frontières de mon être.
Corps signe, lorsque les mots manquent, émotion trop intense.
Corps chair, indescriptibles sensations de jouissances.
Corps langage, corps désir, corps vie.
Mais. Il y a ceux qui ne sont plus rien de tout ça.
Corps semblables aux autres, en apparence, le tien, le mien, et qui pourtant ne sappartiennent plus.
Corps désertés. Corps qui meurent.
Ces corps étaient si beaux, avant. Souvenir flou dun corps heureux.
Mon corps, aujourdhui, nest plus quun rempart, entre moi et le monde.
Fragile rempart bâti de douleurs.
Insupportable secret, corps encombrant, je voudrais quil disparaisse.
Les larmes sont impuissantes car le corps noublie pas.
Un secret lhabite, le ronge, le brûle comme un cancer.
Corps ennemi, qui menchaîne à lhorreur, corps
monstrueux, corps mutilé.
Refuge devenu prison.
Ce corps misole, mais je suis si vulnérable.
Corps que jaimais tant, corps ami, confident, je ne te connais plus. Étranger, ennemi ? Je repousse ses limites, sans cesse. Anorexie, boulimie, maladie.
Ma seule possession, corps territoire dont je suis
expropriée.
Corps devenu impénétrable puisquun jour sa frontière fut brisée.
Corps devenu inhabitable puisquil fut pris par la force.
Un corps qui ne le sera jamais plus, corps envahi, corps violé.
Certains se dénudent, se caressent, corps téméraires.
Les autres se cachent, corps frileux.
Secrets enfouis dans les chairs, des frissons qui
affleurent, périphérie.
Des douleurs, au centre, passions circonscrites dans les formes organiques.
Une larme séchappe, fuit loppression intérieure dun instant.
Corps partage, corps cadeau. Je toffre ce que je possède de plus précieux : corps frontières de mon être.
Corps signe, lorsque les mots manquent, émotion trop intense.
Corps chair, indescriptibles sensations de jouissances.
Corps langage, corps désir, corps vie.
Mais. Il y a ceux qui ne sont plus rien de tout ça.
Corps semblables aux autres, en apparence, le tien, le mien, et qui pourtant ne sappartiennent plus.
Corps désertés. Corps qui meurent.
Ces corps étaient si beaux, avant. Souvenir flou dun corps heureux.
Mon corps, aujourdhui, nest plus quun rempart, entre moi et le monde.
Fragile rempart bâti de douleurs.
Insupportable secret, corps encombrant, je voudrais quil disparaisse.
Les larmes sont impuissantes car le corps noublie pas.
Un secret lhabite, le ronge, le brûle comme un cancer.
Corps ennemi, qui menchaîne à lhorreur, corps
monstrueux, corps mutilé.
Refuge devenu prison.
Ce corps misole, mais je suis si vulnérable.
Corps que jaimais tant, corps ami, confident, je ne te connais plus. Étranger, ennemi ? Je repousse ses limites, sans cesse. Anorexie, boulimie, maladie.
Ma seule possession, corps territoire dont je suis
expropriée.
Corps devenu impénétrable puisquun jour sa frontière fut brisée.
Corps devenu inhabitable puisquil fut pris par la force.
Un corps qui ne le sera jamais plus, corps envahi, corps violé.
Christine Vivier