Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°36 [septembre 2001 - octobre 2001]
© Passant n°36 [septembre 2001 - octobre 2001]
par Stéphanie Benson
Imprimer l'articleQue faire ?
Que faire ?
Tu me demandes que faire ?
Mais il ny a rien à faire, mon chéri.
A part regarder - nez écrasé contre vitre blindée -
Le monde courir à sa folie.
Tu voudrais - je sais - intervenir.
Leur dire - mais crois-tu vraiment
Quils ne le savent pas déjà ? -
Ce quil conviendrait de mettre en place.
Il faut
Pour que tout aille mieux
Donner plus de bonheur à ceux qui en ont moins.
Bien sûr. Quitte à en prendre aux trop heureux.
(Mais es-tu sûr dêtre assez objectif
Pour décider des mérites et de la répartition ?)
Il faut abolir largent, aussi, puisquil ne fait pas
- Daprès la légende - le bonheur.
Le remplacer par le troc, cest plus sain.
Et - tant quon y est - empêcher celui que sa nature
Pousse à engranger
À faire des économies.
Ça ne te rappelle rien ?
Posséder des SICAV ou des petits pois, où est la différence, la vraie ?
On peut aussi décider que son bonheur
Passe par laccumulation, la fructification et le non partage
De tous les petits pois du monde.
Le problème se densifie.
Il faut également, puisquon y est, que les gens comprennent,
Se rendent compte, changent, aillent chercher leur bonheur ailleurs
Que dans les petits pois.
Quils revoient à la lueur de leur planche dans lil
Le monde quils contribuent à pourrir.
Les gens.
Les autres.
Parce que toi, il va de soi, tu as tout compris.
Tu es le premier à voir la vie sous cet angle ?
Non, mon chéri, désolée, mais dautres ont vu avant toi.
Dautres ont dit à leurs autres à eux
Ce quil convenait de faire.
Tout le monde ne sest pas lavé les oreilles ce soir.
Mais quoi ? Tu es triste ?
Tu voudrais - je sais - que tout le monde soit heureux.
Aussi heureux que tu le serais sils létaient. Tu voudrais leur faire partager
Ton bonheur à toi. (Cest vraiment un sentiment noble, ça,
Ton bonheur passe donc par le collectif ? Les autres doivent être heureux
Pour que tu puisses lêtre à ton tour ?)
Tu voudrais sauver le monde, cest ça ? Avec ou malgré lui ?
Certains veulent en être le maître, et javoue que jai du mal
À voir la différence.
On revient toujours à une personne, un groupe, une minorité,
Qui pense à la place du peuple.
Et si on apprenait plutôt au peuple de penser ?
À remettre en cause ceux qui prétendent
Savoir à sa place ?
Mais cela voudrait dire - eh oui, tu vois -
Que tout le monde se nettoie les pavillons.
Es-tu prêt à écouter, à entendre, ceux qui te donnent tort ?
Cela voudrait dire aussi - et ce nest pas rien -
Prendre le temps. Accepter de ne pas récolter
La gloire de ce quon sème.
On revient toujours aux petits pois.
Allez, ne désespère pas. Arrache ton regard - rien quun instant -
Aux sommets enneigés de laltruisme lointain.
Je suis là, tout près de toi.
Ne prends pas cet air affligé - tu mavais oubliée ? -
Tout cela nest pas bien grave.
Je ne suis que ta conscience, sur jumelle de ton âme.
Mais à présent que tu me vois, si, au lieu de sauver le monde,
Tu me sauvais, moi ?
Tu me demandes que faire ?
Mais il ny a rien à faire, mon chéri.
A part regarder - nez écrasé contre vitre blindée -
Le monde courir à sa folie.
Tu voudrais - je sais - intervenir.
Leur dire - mais crois-tu vraiment
Quils ne le savent pas déjà ? -
Ce quil conviendrait de mettre en place.
Il faut
Pour que tout aille mieux
Donner plus de bonheur à ceux qui en ont moins.
Bien sûr. Quitte à en prendre aux trop heureux.
(Mais es-tu sûr dêtre assez objectif
Pour décider des mérites et de la répartition ?)
Il faut abolir largent, aussi, puisquil ne fait pas
- Daprès la légende - le bonheur.
Le remplacer par le troc, cest plus sain.
Et - tant quon y est - empêcher celui que sa nature
Pousse à engranger
À faire des économies.
Ça ne te rappelle rien ?
Posséder des SICAV ou des petits pois, où est la différence, la vraie ?
On peut aussi décider que son bonheur
Passe par laccumulation, la fructification et le non partage
De tous les petits pois du monde.
Le problème se densifie.
Il faut également, puisquon y est, que les gens comprennent,
Se rendent compte, changent, aillent chercher leur bonheur ailleurs
Que dans les petits pois.
Quils revoient à la lueur de leur planche dans lil
Le monde quils contribuent à pourrir.
Les gens.
Les autres.
Parce que toi, il va de soi, tu as tout compris.
Tu es le premier à voir la vie sous cet angle ?
Non, mon chéri, désolée, mais dautres ont vu avant toi.
Dautres ont dit à leurs autres à eux
Ce quil convenait de faire.
Tout le monde ne sest pas lavé les oreilles ce soir.
Mais quoi ? Tu es triste ?
Tu voudrais - je sais - que tout le monde soit heureux.
Aussi heureux que tu le serais sils létaient. Tu voudrais leur faire partager
Ton bonheur à toi. (Cest vraiment un sentiment noble, ça,
Ton bonheur passe donc par le collectif ? Les autres doivent être heureux
Pour que tu puisses lêtre à ton tour ?)
Tu voudrais sauver le monde, cest ça ? Avec ou malgré lui ?
Certains veulent en être le maître, et javoue que jai du mal
À voir la différence.
On revient toujours à une personne, un groupe, une minorité,
Qui pense à la place du peuple.
Et si on apprenait plutôt au peuple de penser ?
À remettre en cause ceux qui prétendent
Savoir à sa place ?
Mais cela voudrait dire - eh oui, tu vois -
Que tout le monde se nettoie les pavillons.
Es-tu prêt à écouter, à entendre, ceux qui te donnent tort ?
Cela voudrait dire aussi - et ce nest pas rien -
Prendre le temps. Accepter de ne pas récolter
La gloire de ce quon sème.
On revient toujours aux petits pois.
Allez, ne désespère pas. Arrache ton regard - rien quun instant -
Aux sommets enneigés de laltruisme lointain.
Je suis là, tout près de toi.
Ne prends pas cet air affligé - tu mavais oubliée ? -
Tout cela nest pas bien grave.
Je ne suis que ta conscience, sur jumelle de ton âme.
Mais à présent que tu me vois, si, au lieu de sauver le monde,
Tu me sauvais, moi ?