Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
© Passant n°35 [juin 2001 - août 2001]
Le passant a aimé
B.D.
Marie-Christine Labourie utilise la voie du roman pour apporter sa contribution à la défense de la cause des Sans terre au Brésil. Brésil sans terre (Utovie, 1997, 191 p.) est un récit politique et initiatique qui, par le truchement dune fiction parfois un peu épaisse, évoque la pauvreté, la détresse et linjustice mais aussi la vitalité, la solidarité et la combativité de ces hommes et femmes qui ne renoncent pas.
V.L.
Robert Laxalt, Portrait basque (éd. Autrement, 79 F) Laxalt est un écrivain américain revenu un temps au pays de ses ancêtres. Dans une série de textes courts qui sont autant de portraits de Basques, il raconte le monde rural des années 60, en Soule. Laxalt est un poète, il sait parler des habitants de là-bas qui ont, un peu à la manière de Verlaine, je cite de mémoire, « linflexion grave des voix chères qui se sont tues ». Cest une poésie noble, un peu solennelle, grave comme lévoque le titre original américain. Il sait aussi soigner les chutes de ces petits récits par une touche morale, comme si chacun de ses textes recelait un enseignement sur les gens quil décrit, en dépit de lopacité de la « basque way of life », dont il témoigne.
B.D.
Revue HAR/FAR, le mensuel bilingue du Croc, le Corrent Revolucionari Occitan, des Palois plutôt radicaux qui se battent pour que « le droit à sa langue propre soit un droit élémentaire pour tout peuple ». Dans la livraison davril, la signalisation bilingue en Béarn ,la répression syndicale dans le groupe papetier Gascogne, une interview de zapatistes, le foncier agricole, le nucléaire, etc. Bref, de la résistance pur sucre !
J.F. M.
Hervé Le Corre, Copyright (Gallimard, Série Noire).
dans mon Quillet trois volumes, ya deux Balthazar : lun des mages venus adorer lenfant Jésus, et le triste régent de Babylone (554-539 avant J.C), un type assez infect tué par Cyrus au cours dune orgie. Dans le bouquin dHervé Le Corre, qui ne se refuse rien, en vlà un troisième : un bébé qui sannonce, un vrai, fait traditionnellement dun homme et dune femme, avec les moyens du bord. En dehors du fait que ça rime avec amour et hasard dans la dernière phrase, (et jaime quand ça rime, à lintérieur), ça pourrait être une des bonnes nouvelles (lAnnonciation ?) que nous ramène lauteur de son périple dans les années cinquante de ce siècle-ci, ce qui ne nous rajeunit pas. Le monde de ce temps-là est pourri, mais, comme le laisse entendre Hervé, on sent déjà lodeur du côté de chez nous : une affaire de reproduction dêtres humains, de consciences hébétées prisonnières des apparences du cyber-monde et des réalités de la domination quotidienne de quelques-uns sur tous les autres. Un monde tout à lombre, plein dexistences furtives, où léternité est une marchandise qui se négocie cher, un monde de trafic darmes, de secrets financiers, dorganisations occultes, où lon peut sévanouir de rage en consultant « les relevés lexicographiques du mot démocratie ». Heureusement, un monde où les camarades en lutte contre le totalitarisme neuronal peuvent prendre lapparence dAva Gardner (Hervé, si tu connais réellement le truc, pitié, donne-le nous !).
Un monde dans cinquante ans, simple excroissance de ce que nous mettons en place (ou laissons faire) aujourdhui. Mest avis que le fils Le Corre, en bon sudiste combattant, a plutôt lintention que lon se bouge ici et maintenant pour éviter de vivre cette infamie plus tard. Dailleurs, jai ma petite idée : ce livre, que lon sent jubilatoire et mijoté sur le feu dun style classique en opposition maligne avec le futurisme ambiant, nest pas de science-fiction ou de polar-fiction
Il est écrit au passé, comme si nous nous trouvions au-delà de ces temps de fer, comme si le chemin du combat de quelques-uns que nous décrit Hervé avait au moins abouti à ce que la parole existe, et quil reste encore des écrivains, capables de nous dire ce qui arrive quand on baisse la garde et quon sanesthésie la vie. Il reste encore des écrivains : la preuve !