Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
Retour
© Passant n°33 [février 2001 - mars 2001]
© Passant n°33 [février 2001 - mars 2001]
par Jambonneau
Imprimer l'articleGillou, soigne ta gauche
Lainlain Juppé contre Gillou Savary, métaphore pugilistique bordelo-bordelaise : une droite bien sèche, une gauche bien molle. Propos davant match, lil mauvais le Lainlain : Savary est « un olibrius qui passe son temps à dire des conneries » !1 On avait connu langage plus policé du côté de la mairie mais bon, ça manque pas de swing, ça uppercut au foie, ça sent bon les cordes. Gillou sétrangle, sétouffe, déglutit, reprend son souffle, baisse la tête : « paltoquet ! »2. Pfuit, Juppet de nonne.
Gillou ! Gillou ! Mets de la gazoline dans ta trottinette, du plomb dans ton gauche, pas du plomb de politicard en dessous des urnes genre les copains des coquins mais de lenculé denculé de chez Bacalan. Le Landais va quand même pas te donner une leçon de rhétorique de comptoir, tes pas à Sciences Po mon biquet, ni au parlement européen, ici tes le cador. Faut sortir le gun, lui débroussailler les ensablées à la soude caustique. Va falloir lâcher tes coups mon Gillou. Allez, arrose ptit : « pardon mais enculé monsieur le maire heu pardon. »
Gillou, tu me déçois. Tes là, tu minaudes, il tinsulte, il te mange la soupe sur la tête et tu lui essuies les babines puis tattends le pourliche. Tes pas le caniche à Madame Isabelle, tes pas cireur de pompes, non ? Putain, Gillou, tes toujours pas dans le match, le gong a pas sonné et tu recules déjà, le match il est perdu davance si tu soignes pas ta gauche. Tu tappelles pas feuille morte nom de Dieu alors fais chauffer la sève : « mais monsieur le passant il est déjà perdu davance le match où je vais me coucher ! »
Gillou, enfin, quest-ce quil ta appris le Mittou ? Même au fond du trou faut se battre, surtout au fond du trou dailleurs. Tas bouffé trop riche toi. Tombe le peignoir et les pantoufles à pompons. Hop, tu mets la sudisette, tu fais douze fois le tour du château Smith-Haut-Lafitte ten picoles pas hein , un peu de corde à sauter pour le rythme, tu trouves un bon sparring-partner qui ta mis les boules, cest pas ce qui manque dans ton aréopage, et tu cognes à donf : « oui mais moi monsieur le passant cest que je veux pas être maire, je sais pas faire. Cest dur. »
Gillou, tas pourtant la grinta, le sourire satisfaction du vainqueur sur la photo, tas de légo à gogo merde, tes une bête politique, un grand fauve, pas un lamantin en latex qui se lamente lamentablement. Ten veux pour cinquante ans du Lainlain, comme avec le Jacquot ? Tu vas pas te contenter de le mettre en ballottage au premier round pour en prendre plein la poire au second, tas de la fierté non ? : « bof, vous savez monsieur le passant, être leader de lopposition municipale cest mon bâton de Maréchal à moi, ça msuffit, peinard quoi ! Je dis non, il mengueule, je soupire, tranquille. »
Gillou, la politique, ça vaut quand même bien mieux que tout ça. Ten as pas marre, ça te gratte pas le soir, tas pas la tronche en biais le matin ? Rassure-moi mon Gillou, tas dautres aspirations ? Il te va le monde tel quil va pas ? Tes heureux de te faire dépouiller du pouvoir par les pleins de fric en disant merci ? Gouverner au centre, cest quand même le plus petit programme commun, non ? La démocratie, cest autre chose, cest un horizon qui sembrase, des idées roboratives, de lutopie plein les poches, du désir à se dire, un supplément dâme au quotidien, ça se réinvente tous les jours : « ben monsieur le passant cest que jai pas de programme de gauche moi. Javais bien le pont mais monsieur le maire ma piqué mon cheval de bataille quétait rien quà moi. Je pétitionne mais ça pète pas loin. »
Gillou, tout le monde sen fout de ton programme de gauche que tas pas. Ten veux un, ten auras un, ouvre à gauche ferme au centre. On va sy mettre, comme le font à Toulouse les lascars de Motivés et à Bordeaux ceux de la liste Couleurs bordelaises, on part sans, on arrive avec, démocratie directe cela sappelle, on phosphore, ça téclaire : « ben jai peut-être quand même une petite idée, faire de Bordeaux la capitale du monde dans les domaines de la technique et de la technologie du vin. Cest bien le vin non, à Bordeaux ? ».
Gillou, tu me désespères. Bordeaux, capitale du monde du pinard, non mais je rêve ! Et pourquoi pas une seconde fête du vin, internationale en plus. Un Vinexpo pour le populo, ras la gueule y vont sen mettre du gros pif les blaireaux, mais scientifiquement, en comptant les verres à ta santé : « monsieur le passant dites, je pourrais quand même en boire du Smith-Haut-Lafitte ? ».
Mais oui mon Gillou, après le match. Bon on répète : quest-ce que tu lui dis en conférence de presse pour lui mettre la pression quil en tremblera sur ses échasses le Landais ? : « monsieur le maire, vous savez ce quon dit de vous à Bacalan, il paraîtrait Enfin bof, heu moi ce que jen dis Cest mon manager qui voulait, enfin moi je voulais juste vous demander, je pourrais garder ma place à la mairie ? Et puis, merde pour le match comme on dit. Surtout, tapez pas trop fort, je me suis jamais battu. De toute façon, je me couche dès le premier round. » Gillou, non !!!
Gillou ! Gillou ! Mets de la gazoline dans ta trottinette, du plomb dans ton gauche, pas du plomb de politicard en dessous des urnes genre les copains des coquins mais de lenculé denculé de chez Bacalan. Le Landais va quand même pas te donner une leçon de rhétorique de comptoir, tes pas à Sciences Po mon biquet, ni au parlement européen, ici tes le cador. Faut sortir le gun, lui débroussailler les ensablées à la soude caustique. Va falloir lâcher tes coups mon Gillou. Allez, arrose ptit : « pardon mais enculé monsieur le maire heu pardon. »
Gillou, tu me déçois. Tes là, tu minaudes, il tinsulte, il te mange la soupe sur la tête et tu lui essuies les babines puis tattends le pourliche. Tes pas le caniche à Madame Isabelle, tes pas cireur de pompes, non ? Putain, Gillou, tes toujours pas dans le match, le gong a pas sonné et tu recules déjà, le match il est perdu davance si tu soignes pas ta gauche. Tu tappelles pas feuille morte nom de Dieu alors fais chauffer la sève : « mais monsieur le passant il est déjà perdu davance le match où je vais me coucher ! »
Gillou, enfin, quest-ce quil ta appris le Mittou ? Même au fond du trou faut se battre, surtout au fond du trou dailleurs. Tas bouffé trop riche toi. Tombe le peignoir et les pantoufles à pompons. Hop, tu mets la sudisette, tu fais douze fois le tour du château Smith-Haut-Lafitte ten picoles pas hein , un peu de corde à sauter pour le rythme, tu trouves un bon sparring-partner qui ta mis les boules, cest pas ce qui manque dans ton aréopage, et tu cognes à donf : « oui mais moi monsieur le passant cest que je veux pas être maire, je sais pas faire. Cest dur. »
Gillou, tas pourtant la grinta, le sourire satisfaction du vainqueur sur la photo, tas de légo à gogo merde, tes une bête politique, un grand fauve, pas un lamantin en latex qui se lamente lamentablement. Ten veux pour cinquante ans du Lainlain, comme avec le Jacquot ? Tu vas pas te contenter de le mettre en ballottage au premier round pour en prendre plein la poire au second, tas de la fierté non ? : « bof, vous savez monsieur le passant, être leader de lopposition municipale cest mon bâton de Maréchal à moi, ça msuffit, peinard quoi ! Je dis non, il mengueule, je soupire, tranquille. »
Gillou, la politique, ça vaut quand même bien mieux que tout ça. Ten as pas marre, ça te gratte pas le soir, tas pas la tronche en biais le matin ? Rassure-moi mon Gillou, tas dautres aspirations ? Il te va le monde tel quil va pas ? Tes heureux de te faire dépouiller du pouvoir par les pleins de fric en disant merci ? Gouverner au centre, cest quand même le plus petit programme commun, non ? La démocratie, cest autre chose, cest un horizon qui sembrase, des idées roboratives, de lutopie plein les poches, du désir à se dire, un supplément dâme au quotidien, ça se réinvente tous les jours : « ben monsieur le passant cest que jai pas de programme de gauche moi. Javais bien le pont mais monsieur le maire ma piqué mon cheval de bataille quétait rien quà moi. Je pétitionne mais ça pète pas loin. »
Gillou, tout le monde sen fout de ton programme de gauche que tas pas. Ten veux un, ten auras un, ouvre à gauche ferme au centre. On va sy mettre, comme le font à Toulouse les lascars de Motivés et à Bordeaux ceux de la liste Couleurs bordelaises, on part sans, on arrive avec, démocratie directe cela sappelle, on phosphore, ça téclaire : « ben jai peut-être quand même une petite idée, faire de Bordeaux la capitale du monde dans les domaines de la technique et de la technologie du vin. Cest bien le vin non, à Bordeaux ? ».
Gillou, tu me désespères. Bordeaux, capitale du monde du pinard, non mais je rêve ! Et pourquoi pas une seconde fête du vin, internationale en plus. Un Vinexpo pour le populo, ras la gueule y vont sen mettre du gros pif les blaireaux, mais scientifiquement, en comptant les verres à ta santé : « monsieur le passant dites, je pourrais quand même en boire du Smith-Haut-Lafitte ? ».
Mais oui mon Gillou, après le match. Bon on répète : quest-ce que tu lui dis en conférence de presse pour lui mettre la pression quil en tremblera sur ses échasses le Landais ? : « monsieur le maire, vous savez ce quon dit de vous à Bacalan, il paraîtrait Enfin bof, heu moi ce que jen dis Cest mon manager qui voulait, enfin moi je voulais juste vous demander, je pourrais garder ma place à la mairie ? Et puis, merde pour le match comme on dit. Surtout, tapez pas trop fort, je me suis jamais battu. De toute façon, je me couche dès le premier round. » Gillou, non !!!
(1) In le supplément que Libération a consacré à Bordeaux le 17 novembre 2000, page IV.
(2) Tous les propos tenus par Gilles Savary sont purement fictionnels, quoique, sauf celui sur Bordeaux capitale du monde des techniques et des technologies du vin !
(2) Tous les propos tenus par Gilles Savary sont purement fictionnels, quoique, sauf celui sur Bordeaux capitale du monde des techniques et des technologies du vin !