Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°31 [octobre 2000 - novembre 2000]
© Passant n°31 [octobre 2000 - novembre 2000]
par Benoit Doche
Imprimer l'articlePourquoi la culture ?
Les maisons de la culture ont fleuri dans les années soixante, la culture à portée de tous était un concept novateur et une réelle avancée. Que reste-t-il de tout cela aujourdhui ? La question de savoir pourquoi certains se cultivent librement sans la contrainte dune structure éducative reste entière. Pourquoi se cultiver ? la culture semble accessible à tous ; ceci est dautant plus vrai à lheure dInternet, pourtant peu de gens, de moins en moins dindividus libres et égaux en droit de se cultiver le font. Ceci ne paraît pas si étonnant dans le monde où nous vivons et que nous contribuons à créer par chacun de nos actes créateurs ou non ; ce monde où finalement la productivité a force de loi. De ce point de vue, se cultiver en dehors dune structure qui vous le demande pour vous rendre productif apparaît aberrant, inutile voire dangereux : quelle perte de temps par rapport au voisin qui lui va utiliser peut-être ce temps si précieux pour se rendre plus compétitif que vous. Certains prennent le risque, ce risque dêtre un soi conscient ; il est peu probable quils le regrettent. Dune part, il faut bien passer le temps plutôt que de trop le regarder passer, dautre part labrutissement par le travail a ses limites ; les devises tels que « le travail rend libre » ont plus cours dans les sociétés totalitaires que dans des sociétés qui se veulent démocratiques. Il vaut mieux être libre de se cultiver puisque cela ne sert à rien dêtre libre de travailler dans une perspective de productivité et de rentabilité pour la société dans laquelle notre espace de vie se déroule. De toute manière, le choix ne vous est pas donné si vous voulez vivre dans cette société si compatissante au bonheur dautrui. Le mot bonheur peut finalement apparaître comme une justification de la culture ; en effet quel bonheur inexplicable dapprendre : plus lon apprend , plus lon ouvre de portes dans la tour du savoir, plus de questions se posent. Ces questions supplémentaires apparaissant après chaque réponse devraient être un facteur de découragement ; malgré tout, la plupart du temps elles sont un encouragement à poursuivre un peu plus loin sa route. Cette route passe par sa propre découverte et la découverte de tout ce qui nest pas soi.
Pourtant, la culture ne peut se comprendre hors de la société. La possession dune culture permet daborder dautres mondes, dautres sociétés ; notre culture nous offre des points dancrage pour mieux comprendre et critiquer dautres formes de culture. La culture appartient aux hommes par et pour les hommes. La culture est une porte ouverte sur lautre qui nous ressemble, cet autre qui nous effraie tant que nous ne le comprenons pas. Ces autres mêmes différentes participent de cette culture commune à toute l'humanité. La culture apparaît comme étant un outil de communication pour aller vers lautre et senrichir. Co-naître en culture. Létonnement est le feu de la culture, ces points dinterrogations aident à dessiner un nouveau monde, plus tolérant, aux frontières plus souples.
En partageant nos connaissances, nous nous aidons à devenir meilleurs. Ce partage est porteur despoir, tout comme cette prise de conscience par la culture que nous faisons tous partie de la même humanité quelle que soit notre malheureuse couleur de peau, quelque soit notre consolatrice religion, enfin quelle que soit la race où certains aiment à nous classer (personnellement jai toujours trouvé très « chevalin » dêtre racé). Nous nous inventons alors au présent. Nous créons un monde qui nous ressemble. La culture est façonnée par lhomme mais elle façonne lhomme en retour. Des concepts scientifiques sont nés et ont été acceptés par la société des hommes parce que les conditions culturelles de lépoque le permettaient. La culture et la science profitent de leur interaction réciproque pour poser et répondre à de nouveaux problèmes. Une théorie scientifique sinscrit dans une époque. La culture ouvre la porte à des créations scientifiques ou artistiques que lépoque culturelle autorise. Les connaissances augmentent ; leur accessibilité est tangible, le niveau général de culture se développe ; ces progrès sont facteurs de progrès en éliminant certaines barrières qui existaient par ignorance. Il faut rester néanmoins vigilant : le progrès ne porte pas en lui-même sa justification, tout progrès nest pas justifiable ; sil veut lêtre, il doit lêtre vis-à-vis de lhomme en société.
La culture est posée là, au bord des chemins de traverse de lhumanité ; un homme perdu arrive épuisé par sa quête de sens, assoiffé par le néant. Il est devant une source. Un verre de connaissance lui est offert pour quil puisse continuer un peu plus loin sa route ivre de culture, se rapprochant du sens. Les jeux se font ainsi loin des étoiles, dans le labeur obscur et le doute. La culture et la création se donnent la main pour rendre lhomme meilleur et conscient de son destin. Même dérisoire en regard du gouffre qui nous attend tous, se cultiver est un moyen doublier le temps, de le rendre moins implacable. La culture nous délivre de nos démons ou de nos dieux les immobilisant à portée de raisons (quand cela est possible).
Se cultiver est loisir bizarre qui demande une participation et par là même un effort.
Pourtant, la culture ne peut se comprendre hors de la société. La possession dune culture permet daborder dautres mondes, dautres sociétés ; notre culture nous offre des points dancrage pour mieux comprendre et critiquer dautres formes de culture. La culture appartient aux hommes par et pour les hommes. La culture est une porte ouverte sur lautre qui nous ressemble, cet autre qui nous effraie tant que nous ne le comprenons pas. Ces autres mêmes différentes participent de cette culture commune à toute l'humanité. La culture apparaît comme étant un outil de communication pour aller vers lautre et senrichir. Co-naître en culture. Létonnement est le feu de la culture, ces points dinterrogations aident à dessiner un nouveau monde, plus tolérant, aux frontières plus souples.
En partageant nos connaissances, nous nous aidons à devenir meilleurs. Ce partage est porteur despoir, tout comme cette prise de conscience par la culture que nous faisons tous partie de la même humanité quelle que soit notre malheureuse couleur de peau, quelque soit notre consolatrice religion, enfin quelle que soit la race où certains aiment à nous classer (personnellement jai toujours trouvé très « chevalin » dêtre racé). Nous nous inventons alors au présent. Nous créons un monde qui nous ressemble. La culture est façonnée par lhomme mais elle façonne lhomme en retour. Des concepts scientifiques sont nés et ont été acceptés par la société des hommes parce que les conditions culturelles de lépoque le permettaient. La culture et la science profitent de leur interaction réciproque pour poser et répondre à de nouveaux problèmes. Une théorie scientifique sinscrit dans une époque. La culture ouvre la porte à des créations scientifiques ou artistiques que lépoque culturelle autorise. Les connaissances augmentent ; leur accessibilité est tangible, le niveau général de culture se développe ; ces progrès sont facteurs de progrès en éliminant certaines barrières qui existaient par ignorance. Il faut rester néanmoins vigilant : le progrès ne porte pas en lui-même sa justification, tout progrès nest pas justifiable ; sil veut lêtre, il doit lêtre vis-à-vis de lhomme en société.
La culture est posée là, au bord des chemins de traverse de lhumanité ; un homme perdu arrive épuisé par sa quête de sens, assoiffé par le néant. Il est devant une source. Un verre de connaissance lui est offert pour quil puisse continuer un peu plus loin sa route ivre de culture, se rapprochant du sens. Les jeux se font ainsi loin des étoiles, dans le labeur obscur et le doute. La culture et la création se donnent la main pour rendre lhomme meilleur et conscient de son destin. Même dérisoire en regard du gouffre qui nous attend tous, se cultiver est un moyen doublier le temps, de le rendre moins implacable. La culture nous délivre de nos démons ou de nos dieux les immobilisant à portée de raisons (quand cela est possible).
Se cultiver est loisir bizarre qui demande une participation et par là même un effort.