Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°30 [août 2000 - septembre 2000]
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Tu le désires
Je me dis oui tu le désires. Jentre dans sa bouche. Japplique ma langue contre la sienne, je mapplique, oui, je me dis, cest bien, serre-le très fort, montre-lui que oui, tu veux. Frotte ton corps contre le sien, avec ta jambe, caresse sa jambe.
Les fleurs dans le tableau sont trop bleues, dun bleu qui noie tout, larbre, loiseau sur larbre et la petite maison en pierre. Le tableau est accroché sur le grand mur, en face du lit.
Il se dit je la désire trop, jaimerais tant la désirer mieux, il se dit, elle membrasse trop fort, comment peut-elle oser entrer si profondément dans ma bouche, il se dit elle ne me laisse plus le choix, je dois la prendre.
Le lustre pend comme un vieux débris quon néclaire jamais. Ici, on nallume pas.
Je me dis tant pis, cette fois tant pis, on ira jusquau bout. Je me dis oui, son sexe entrera dans le mien. Je me souviens. Il avait avoué quil aimait que la femme soit sur lui, je me souviens, nous lavions forcé à le dire, un soir de beuverie. Il lavait dit en riant et en me regardant. Alors, je vais sur lui.
Sur le papier peint, les biches ne sont pas effrayées. Aucune delles ne tourne la tête vers le buisson où se trouvent deux chasseurs qui les guettent. Loiseau qui déploie ses ailes ne les alerte pas.
Il se dit elle fait tout avec sa tête, je nai plus de place, elle métouffe, il se dit, je vais la pousser sur le côté, je vais essayer autrement. Mais autrement, ça ne marche pas non plus. Elle prend mon sexe avec sa main, il se dit non, elle a tout guidé, mais pas ça, pas mon sexe.
Il y a des biches partout, et des chasseurs, et un oiseau les mêmes biches, les mêmes chasseurs, le même oiseau.
Je me dis, il retire sa main, il ne veut pas que je laide. Il veut que son sexe entre naturellement dans le mien, sans que je le tienne. Je me dis aide-le autrement, soupire. Mais pas trop, ne leffraie pas. Attends, non, il se retourne, il nen peut plus de ne pas pouvoir. Ne labandonne pas.
Il se dit je ne pourrai pas. Son odeur me fait peur, sa bouche me fait peur, son sexe me fait peur. Je ne peux pas.
Les rideaux sont lourds. Ici, les rideaux restent tirés, pour ne pas déranger la poussière.
Je me dis je vais le sucer. Jai envie de pleurer parce que, plus quun désir, cest une idée. Je me dis, je vais lembrasser, et puis embrasser son cou, et puis sa poitrine, et puis son ventre. Je vais descendre, et je vais prendre son sexe dans ma bouche.
Une goutte deau, à intervalles longs, mais réguliers, frappe le métal du lave-mains.
Il se dit elle est en train de me sucer. Oui, cest bon, se dit-il. Pourtant, mon sexe ne veut pas, mon sexe est mou. La bonne volonté quelle met pour le faire durcir lécure un peu. Une curieuse impression quelle le tète. Il se dit, ce doit être la première fois quelle suce un sexe aussi désespérant, quelle prend à pleine bouche limpuissance dun homme. Cet homme, cest moi, se dit-il, et il se met à la haïr. Quand elle se retire, il lui demande pourtant de continuer à sucer. Il se dit, mon sexe est une langue, un peu plus grosse, un peu plus tendre, un peu plus docile.
Les biches ne fuient pas, les chasseurs ne tirent pas, loiseau ne senvole pas. Tous figés, ils attendent, répartis à linfini sur les murs de la chambre.
Je me dis son sexe ne durcira pas. Un instant, je lui sais gré de ne pas durcir. Je laime ainsi. Je pourrai mendormir. Mais non, je me dis, pas cette fois, ne lâche pas ou bien tu perds tout.
Les fleurs dans le tableau sont trop bleues, dun bleu qui noie tout, larbre, loiseau sur larbre et la petite maison en pierre. Le tableau est accroché sur le grand mur, en face du lit.
Il se dit je la désire trop, jaimerais tant la désirer mieux, il se dit, elle membrasse trop fort, comment peut-elle oser entrer si profondément dans ma bouche, il se dit elle ne me laisse plus le choix, je dois la prendre.
Le lustre pend comme un vieux débris quon néclaire jamais. Ici, on nallume pas.
Je me dis tant pis, cette fois tant pis, on ira jusquau bout. Je me dis oui, son sexe entrera dans le mien. Je me souviens. Il avait avoué quil aimait que la femme soit sur lui, je me souviens, nous lavions forcé à le dire, un soir de beuverie. Il lavait dit en riant et en me regardant. Alors, je vais sur lui.
Sur le papier peint, les biches ne sont pas effrayées. Aucune delles ne tourne la tête vers le buisson où se trouvent deux chasseurs qui les guettent. Loiseau qui déploie ses ailes ne les alerte pas.
Il se dit elle fait tout avec sa tête, je nai plus de place, elle métouffe, il se dit, je vais la pousser sur le côté, je vais essayer autrement. Mais autrement, ça ne marche pas non plus. Elle prend mon sexe avec sa main, il se dit non, elle a tout guidé, mais pas ça, pas mon sexe.
Il y a des biches partout, et des chasseurs, et un oiseau les mêmes biches, les mêmes chasseurs, le même oiseau.
Je me dis, il retire sa main, il ne veut pas que je laide. Il veut que son sexe entre naturellement dans le mien, sans que je le tienne. Je me dis aide-le autrement, soupire. Mais pas trop, ne leffraie pas. Attends, non, il se retourne, il nen peut plus de ne pas pouvoir. Ne labandonne pas.
Il se dit je ne pourrai pas. Son odeur me fait peur, sa bouche me fait peur, son sexe me fait peur. Je ne peux pas.
Les rideaux sont lourds. Ici, les rideaux restent tirés, pour ne pas déranger la poussière.
Je me dis je vais le sucer. Jai envie de pleurer parce que, plus quun désir, cest une idée. Je me dis, je vais lembrasser, et puis embrasser son cou, et puis sa poitrine, et puis son ventre. Je vais descendre, et je vais prendre son sexe dans ma bouche.
Une goutte deau, à intervalles longs, mais réguliers, frappe le métal du lave-mains.
Il se dit elle est en train de me sucer. Oui, cest bon, se dit-il. Pourtant, mon sexe ne veut pas, mon sexe est mou. La bonne volonté quelle met pour le faire durcir lécure un peu. Une curieuse impression quelle le tète. Il se dit, ce doit être la première fois quelle suce un sexe aussi désespérant, quelle prend à pleine bouche limpuissance dun homme. Cet homme, cest moi, se dit-il, et il se met à la haïr. Quand elle se retire, il lui demande pourtant de continuer à sucer. Il se dit, mon sexe est une langue, un peu plus grosse, un peu plus tendre, un peu plus docile.
Les biches ne fuient pas, les chasseurs ne tirent pas, loiseau ne senvole pas. Tous figés, ils attendent, répartis à linfini sur les murs de la chambre.
Je me dis son sexe ne durcira pas. Un instant, je lui sais gré de ne pas durcir. Je laime ainsi. Je pourrai mendormir. Mais non, je me dis, pas cette fois, ne lâche pas ou bien tu perds tout.