Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°30 [août 2000 - septembre 2000]
© Passant n°30 [août 2000 - septembre 2000]
par Pierre Cocrelle
Imprimer l'articleA nos cher(e)s disparu(e)s
Les histoires d'amour finissent mal en général. Un air connu ; rengaine des existences...
Peut être est-ce tout le contraire ? Quelque heureux dénouement ?
Si cela finissait beaucoup mieux, ça ne pourrait être que pire : accident, suicide, meurtre ; par refus désespéré du manque. Ou bien triste mort lente de feuilleton à suivre, dun ennui terrifiant : à l'idée de partager, d'inventer, avec l'autre, de longues journées ternes et banales après le débord des passions... Tout un art.
Alors on se tire, s'en tire, par du ressentiment, de la petite haine. Sur le coup. Ensuite, par une douce sensation emplie de nostalgie, naissant du plaisir de la réminiscence et de ce qui ne sera jamais plus...
Après, ailleurs, dans l'intelligence, on s'essaye à construire du bonheur quotidien, de la filiation, du patrimoine. Certains feront carrière ; d'autres s'épuiseront en prestances, agitations, recherches, savoirs, accumulation d'objets divers et variés... On sait, un peu, comme disait Stevenson : « après quon se soit pris un rocher pleine gueule en descendant un torrent et que lon a eu la chance den réchapper, le cri devient théorie... ».
On continue donc de survivre... A l'impair et passe du Sens.
Nos amours : des bolides Souvent la collision : badaboum ! Des accidents : crash ! Et vlam ! Des rencontres imprévues dont on soupçonne l'écriture dans quelque grimoire qui ne nous appartiendra jamais de lire...
J'en ai rencontrés pas mal de météores Du vif qui vous perce le cur, vous chamboule l'appareil, jusqu'à ce que vous deveniez étranger à vous-même... Différent. Et des comètes... Certaines sont reparties, en ricochet, dans l'infini des mondes, d'autres reviennent, repassent, booméranguent, changeant de courses elliptiques au gré des nouvelles rencontres qu'elles ont faites, de leurs solitudes de glace qu'elles défendent en maugréant... Résistances
Enfin sont restées incrustées, parties de ma chair, celles qui m'ont percuté de plein fouet. Elles m'ont changé plus que toutes autres déboulées, aventures ; sans que mes péripéties de pauvre hère en fussent amoindries ou devenues plus insensées. Simplement ce fut d'autres risques, d'autres fusillades, d'autres honneurs Avec toujours, souvent, ce sentiment de ratage, de solitude, de frustration D'une rencontre première, radicale. D'une différence, presque incompatible, jamais abandonnée, qui ne peut se traduire que par quelques mots jetés : amour, douleur, adieu et à jamais...
Nous ne nous referons pas ; sinon à croire que l'on est refait. Amère faillite...
Nous restons toujours, pauvre, vieux, petitou, l'enfant dune femme... Il n'y a que les prêtres ou les psychologues pour croire que l'on naît de la Loi... Ils confondent naissance et forceps.
Je t'aime encore....
C'est donc le temps des vagues bleues. Du temps perdu dans le sablier des plages...
La mémoire sonde terrifiante et merveilleuse à la fois...
A décrire, il faudrait faire de la place : par pudeur et révérence. Un monument aux amours ne fonctionnera jamais comme un monument aux mort(e)s... Il demeure anonyme ou pour le moins initialisé Pour initié.
Jamais de liste close.
« N » et « M » « A », « B », « C » La liste des lettres ne se trie pas : dire lune, cest forcément chanter lautre