Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°28 [mars 2000 - avril 2000]
© Passant n°28 [mars 2000 - avril 2000]
par Bernard Daguerre
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Le dernier film de Tim Burton illustre le cheminement du naturel au merveilleux par les voies de la fiction cinématographique. Nous sommes à la fin du 18ème aux Etats-Unis et la jeune nation peine à se débarrasser de la gangue de la colonisation anglaise, de la violence de la guerre dindépendance ; mais aussi de lemprise du sentiment religieux (tant il est vrai que lAmérique ny est pas encore arrivée à ce jour) et du nécessaire châtiment des criminels réels ou supposés, fût-ce sous les formes les plus horribles des tortures infernales.
Ichabold Crane, incarné par Johnny Depp, jeune « constable » new-yorkais acquis aux méthodes policières résolument modernes est envoyé en Nouvelle Angleterre pour résoudre une série de meurtres mystérieux à Sleepy Hollow, petit village peuplé de descendants de colons hollandais. Les démarches de lenquêteur scientifique se heurtent à la réalité dassassinats perpétrés par un cavalier sans tête. Voilà pour la trame policière, qui baigne dans le mystère dun au-delà que le film nous restitue proche et palpable. Aidé par les réminiscences dune enfance crucifiée entre la violence dun père pasteur et la douceur évangélique dune mère victime, Ichabold enquête, soutenu par une jeune femme enfant à la volupté malgré tout un peu inquiétante. La forêt doù surgit le cavalier sans tête pour raccourcir ses victimes, le décor de brumes évoquent les paysages des peintres romantiques allemands revisités par la malice cruelle des histoires des démons dHalloween. La fragilité et la force du personnage dIchabold, la présence maléfique de larbre mort, sanglant accoucheur doù jaillit le cavalier tueur font de Sleepy Hollow un splendide et cruel conte cinématographique. Tim Burton chasse le naturel au galop du merveilleux.
Retour à la réalité douloureuse contemporaine avec Une femme dextérieur de Christophe Blanc. Agnès Jaoui incarne avec force un personnage de femme trentenaire qui vit sa vie de femme seule avec enfants après avoir largué un mari infidèle. Il est dommage que le déroulement du scénario restitue avec un peu de maladresse un parcours désormais solitaire, entre les idylles sans lendemains et les tristes soirées alcoolisées. Figure emblématique dun malaise mis à nu, et sans beaucoup de voies de recours, Agnès Jaoui sauve un film intéressant aux potentialités, comme on dit, insuffisamment exploitées.
Accords et désaccords, dernier film de Woody Allen est un exercice de style sur la figure emblématique du musicien maudit. Sean Penn est certes magnifique dans le rôle dun guitariste de jazz des années 30, merveille de cabotinage avec des accents de folie de notre Depardieu national. A linstar dAmadeus de Milos Forman, il fait la part belle au caractère maudit des artistes marginaux en leur temps. Mais il na pas la force et la beauté désespérée des uvres de Clint Eastwood sur le même thème, je pense à Bird ou à Honky Tonk Man. Pour tout dire, linspiration dAllen tourne en rond.
Concluons avec Dr Folamour de Stanley Kubrick de 1963, qui ressort ces jours-ci en salle aux Utopia. Bien entendu, le contexte de guerre froide nest plus à lordre du jour. Mais la charge sur les ganaches militaires, la morgue des puissants propre aux Etats-Unis na rien perdu de sa force. Et le ballet lourdement aérien des bombardiers qui foncent vers leur sinistre mission, le caractère strictement documentaire de la montée vers une triste apothéose nucléaire accentue le caractère « énaurme » dune farce tragique parfaitement réussie.
Ichabold Crane, incarné par Johnny Depp, jeune « constable » new-yorkais acquis aux méthodes policières résolument modernes est envoyé en Nouvelle Angleterre pour résoudre une série de meurtres mystérieux à Sleepy Hollow, petit village peuplé de descendants de colons hollandais. Les démarches de lenquêteur scientifique se heurtent à la réalité dassassinats perpétrés par un cavalier sans tête. Voilà pour la trame policière, qui baigne dans le mystère dun au-delà que le film nous restitue proche et palpable. Aidé par les réminiscences dune enfance crucifiée entre la violence dun père pasteur et la douceur évangélique dune mère victime, Ichabold enquête, soutenu par une jeune femme enfant à la volupté malgré tout un peu inquiétante. La forêt doù surgit le cavalier sans tête pour raccourcir ses victimes, le décor de brumes évoquent les paysages des peintres romantiques allemands revisités par la malice cruelle des histoires des démons dHalloween. La fragilité et la force du personnage dIchabold, la présence maléfique de larbre mort, sanglant accoucheur doù jaillit le cavalier tueur font de Sleepy Hollow un splendide et cruel conte cinématographique. Tim Burton chasse le naturel au galop du merveilleux.
Retour à la réalité douloureuse contemporaine avec Une femme dextérieur de Christophe Blanc. Agnès Jaoui incarne avec force un personnage de femme trentenaire qui vit sa vie de femme seule avec enfants après avoir largué un mari infidèle. Il est dommage que le déroulement du scénario restitue avec un peu de maladresse un parcours désormais solitaire, entre les idylles sans lendemains et les tristes soirées alcoolisées. Figure emblématique dun malaise mis à nu, et sans beaucoup de voies de recours, Agnès Jaoui sauve un film intéressant aux potentialités, comme on dit, insuffisamment exploitées.
Accords et désaccords, dernier film de Woody Allen est un exercice de style sur la figure emblématique du musicien maudit. Sean Penn est certes magnifique dans le rôle dun guitariste de jazz des années 30, merveille de cabotinage avec des accents de folie de notre Depardieu national. A linstar dAmadeus de Milos Forman, il fait la part belle au caractère maudit des artistes marginaux en leur temps. Mais il na pas la force et la beauté désespérée des uvres de Clint Eastwood sur le même thème, je pense à Bird ou à Honky Tonk Man. Pour tout dire, linspiration dAllen tourne en rond.
Concluons avec Dr Folamour de Stanley Kubrick de 1963, qui ressort ces jours-ci en salle aux Utopia. Bien entendu, le contexte de guerre froide nest plus à lordre du jour. Mais la charge sur les ganaches militaires, la morgue des puissants propre aux Etats-Unis na rien perdu de sa force. Et le ballet lourdement aérien des bombardiers qui foncent vers leur sinistre mission, le caractère strictement documentaire de la montée vers une triste apothéose nucléaire accentue le caractère « énaurme » dune farce tragique parfaitement réussie.