Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
Nicolas Roméas
illustré par les photogrammes de Olivier Perrot
Paris, Parole de théâtre-Cassandre, collection Horschamp, 2004, 93 p.
Le temps est venu de déclarer, avec le poète : « Je veux lessentiel, le vent dans les yeux lorsque la porte souvre sur le large et la vision dun passé dont je suis fait ». Au fil dune vingtaine de courts paragraphes, dénommés « stations », Nicolas Roméas entraîne le lecteur dans une réflexion sur le statut et les fonctions de lart au sein de notre société. Immergé activement dans le champ artistique et culturel (il a notamment fondé la revue Cassandre et anime le groupe REFLEX(E)), lauteur esquisse une définition de lart en marge des courants dair de la bien-pensance. Ainsi, au hasard de la lecture de ce court mais incisif ouvrage, N. Roméas affirme clairement que « tout art est populaire », quil « est au centre de nos vies ou il nest pas », quil est « un outil pour que chacun existe dans lhistoire », quil est indispensable à la reconnaissance de lindividu et de sa place dans le collectif. Surtout, lart ne doit pas accepter dêtre récupéré, au risque de « perdre demblée sa bataille » Ce positionnement militant soppose franchement aux discours et aux actes de la « caste de pseudo-érudits », des « marchands » et de « leurs valets » qui, détenant les pouvoirs économique, institutionnel et symbolique, ignorent finalement une certaine vision de lart et une certaine idée de la culture. Cette part maudite, insoumise et indomptable, permettant à lart dinventer dans limprévu et laccident et à la culture dhumaniser lhomme et le monde dans lequel il vit. Avec férocité, N. Roméas critique un « système féodal », qui offre le choix entre un « art de mauvaise qualité » qui méprise le public et « lart savant » qui le mésestime. Pointant, par exemple, les effets pervers de la décentralisation, qui saccompagne dune abdication de lEtat, lauteur revendique un service public, seul garant de « lidée supérieure du rôle de lart et de la culture », capable de maintenir un « niveau denjeu de civilisation » tout en préservant lintérêt général face aux intérêts financiers et corporatistes.
Ce combat, auquel nous invite N. Roméas, nest pas seulement nécessaire lors des situations de crise (car il atteint, alors, les limites de la réaction), mais il doit être nourri, à chaque instant, par une action résolue.