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Sortie du DVD de Notre Monde

Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas Lacoste
Rassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
chronique Livres de Jean-François Meekel
Le contraire de un
Erri De Luca

Nouvelles, Gallimard, traduit de l’italien par Danièle Valin, 136 p.

De Luca est un homme qui parle peu, mais un peu qui exprime l’essentiel. Cet homme singulier, d’une rare humilité et d’une grande douceur, vit aujourd’hui à l’écart du monde. Confronté à l’écriture inséparable de la vie, il tente par un ressassement d’éclairer sa propre histoire, son parcours de jeune homme engagé dans les mouvements d’extrême gauche en Italie, de maçon en France ou encore en mission humanitaire en Afrique.

« Deux n’est pas le double mais le contraire de un, de sa solitude. Deux est alliance, fil double qui n’est pas cassé. » Dans ce recueil de nouvelles, il passe en revue ceux qui lui ont donné la main, passé un relais. Sa mère « parce qu’être deux commence par elle ». Ses camarades dans les manifs violemment réprimées par la police – De Luca s’est battu pendant des années dans les rangs du groupe Lotta Continua, il est aussi l’un des seuls intellectuels italiens à monter au créneau aujourd’hui pour défendre Cesare Battisti, notamment dans un texte au Monde intitulé Vengeance infinie. Les filles qui ont essayé de le retenir, les femmes qu’il entraîne toujours dans ses escalades, sa ville Turin dont il s’enfuit à 18 ans. « Trahir, c’est sentir ses poumons en feu, l’air de la fuite brûle dans les alvéoles, la liberté volée doit être féroce, sinon elle ne résiste pas au remords de la douleur de ceux qui restent. »

De Luca écrit avec ce tremblé qui fait de lui un passant, comme toujours, ici il tricote patiemment son œuvre en fouillant dans sa propre chair, celle de cette génération de « patriotes du monde, la première d’Europe qui, à dix-huit ans, n’était pas prise par la peau du cou et envoyée à la guerre contre une autre jeunesse déclarée ennemie ». Aujourd’hui, toujours aussi silencieux mais solidaire, De Luca rejoint dans les manifs à Gênes ou Florence la nouvelle vague des jeunes révoltés de l’altermondialisme.



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