Sortie du DVD de Notre Monde
Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas LacosteRassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace dexpression pour travailler, comme nous y enjoint JeanLuc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore quun libre espace de parole, Notre Monde sappuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°44 [avril 2003 - mai 2003]
© Passant n°44 [avril 2003 - mai 2003]
par Corinne Monnet
Imprimer l'articleRépression et prostitution
La répression envers les personnes prostituées ne date évidemment pas dhier. Les prostituées ont toujours eu affaire à la police et la justice. Selon lencadrement juridique des pays à propos de la prostitution ou selon lépoque, plus ou moins morale ou sécuritaire, elles ont été enfermées (dans des bordels ou des prisons), marquées du seau de linfamie et socialement construites et (dé)considérées comme un groupe de parias.
En France, les ordonnances de 60, promulguées afin de lutter contre certains fléaux sociaux, définissent les prostituées comme des inadaptées sociales et des victimes à réinsérer. Jusquà la loi de sécurité intérieure, la prostitution nétait donc pas interdite, car considérée comme une affaire privée. Toutefois, des mesures visaient bien déjà à en gêner lexercice, comme celles concernant les atteintes à la moralité ou à lordre public. Mais si elle était perçue unanimement comme indigne et mettant en danger à la fois le bien-être de la personne, ainsi que celui de la famille et de la société (cf. la convention de 49), le fait dêtre ravalé au rang de victime nétait néanmoins pas une entrave à lexercice de cette activité. Certes, le prix en était toutefois très élevé.
En effet, travailler dans la prostitution a toujours demandé, outre les compétences propres à ce travail, de supporter la stigmatisation omniprésente. La répression était donc déjà de mise par les diverses contraintes découlant de labolitionnisme : impossibilité de trouver un logement sans passer par des magouilles (sous peine de se voir reprocher son absence de statut social reconnu), impossibilité de porter plainte en cas dagression (sous peine de se voir lancer à la figure une fin de non recevoir appelée « risques du métier »), restriction de leur vie privée (sous peine de voir lamant-e inculpé-e de proxénétisme), impossibilité de parler de son travail (sous peine de perdre tous ses proches ainsi que certains droits), impossibilité de sassocier entre prostituées (sous peine de passer pour des proxénètes autogérés)
On peut aussi rajouter à cela les abus constants de la police, initiés avec le fichage systématique des personnes, fichage pourtant interdit, mais dont la pratique constante en dit long sur la volonté dhumilier, de soumettre et de discipliner. Entre le rejet incessant dautrui et les difficultés pour accéder aux droits communs, il reste peu de place pour le bien-être. Lescroquerie de labolitionnisme, comptant à juste titre sur la bonne morale présente en chacun-e, est de faire croire que les effets induits par toutes ces violences sur les personnes concernées sont dûs à lactivité en elle-même et non au stigmate et à la répression tout azimut de la prostitution.
Mais le pire se trouve être dans la confiscation de la parole des prostituées, parole confisquée parce quinentendable, parce que jugée fausse, quelle soit perçue comme dictée par le vice, un proxénète ou par la misère la plus sordide. Quimporte le prétexte, pourvu quon ne les entende pas. Pourvu surtout quelles ne fassent penser à aucune femme que ce travail peut être un meilleur choix et quil suffirait den améliorer les conditions pour quil devienne égal à un autre.
Depuis mai 2002, la répression sest toutefois terriblement accrue. Dès le lendemain de sa nomination, le nouveau ministre de lintérieur sest empressé de partir en guerre contre la prostitution. Dès lors, les médias sen sont donnés à cur joie, ce qui a eu de grandes incidences sur la vie des personnes. En rajouter encore et toujours dans la stigmatisation reste le meilleur moyen pour rendre les conditions de travail désastreuses.
La loi de sécurité intérieure prohibe la prostitution en la qualifiant dacte délictueux et en menaçant les contrevenantes de 2 mois de prison et 3750 euros damende. La prostitution, traitée jusqualors en termes psychosociaux, le sera demain aussi en termes punitifs. Ainsi, la violence et lexclusion quelles subissent depuis toujours se conjuguent désormais à une inconditionnelle vindicte populaire et à une future privation de travail et/ou de liberté.
Le prétexte de cette loi est bien entendu sécuritaire, à linstar de nombreuses autres atteintes actuelles à la liberté individuelle. En y regardant dun peu plus près, on se rend vite compte que cette loi est un rappel à lordre et à la norme qui touche particulièrement les femmes. Figures emblématiques de la transgression et de désordre, les prostituées sont devenues ces derniers mois les nouveaux boucs-émissaires dune politique sécuritaire.
A Lyon, comme dans plusieurs villes françaises, la loi de sécurité intérieure avait quelque peu été anticipé par un arrêté municipal anti-prostitution, pris début août, qui interdisait de travailler sur la plus grande partie du territoire prostitutionnel lyonnais.
La police les a donc tout dabord chassées du centre-ville vers des lieux péri-urbains sordides, sombres et déserts. Refouler les personnes dans de telles zones facilite les agressions et leur impunité. Isolées, elles sont encore bien plus fortement exposées aux violences, que celles-ci viennent des clients, des passants ou de la police.
Ainsi, depuis le mois daoût 2002, nous avons constaté plus dagressions sur les personnes quen deux ans (voir le journal des répressions tenu par Cabiria sur le site cabiria.asso.fr). Ces agressions vont des insultes aux vols, en passant par des violences physiques et des viols. Mais ce sont aussi les violences et le harcèlement policier. Contrôles à répétition, insultes, menaces et abus de pouvoir ont été le lot commun. Vols de leur argent, verbalisations, confiscations de papiers et gardes à vues ont fait leur retour.
Dautre part, la répression conduit les personnes à négocier le plus rapidement possible avec les clients. Ne plus prendre le temps de jauger le client afin de le refuser sil est pressenti comme dangereux a des répercussions directes en termes de violences morales et physiques, mais aussi de santé. Un client sur trois demande des passes sans préservatifs et il arrive quil soit prêt à user de violence pour parvenir à ses fins. Les prostituées ont toujours été les meilleurs agents de prévention qui soient, mais la répression accroît les demandes de rapports non protégés ainsi que les prises de risque. La négociation du préservatif, dans une ambiance dinsécurité et de peur de se faire prendre par la police, devient ardue. Il faut, en un minimum de temps et en se cachant, à la fois évaluer le client, négocier ses prix, ses services, et le préservatif.
En outre la police, relayée par les médias, na cessé de chercher à diviser la communauté et dinciter à la haine raciale. Si certaines prostituées ne les ont pas attendus pour tenir des discours racistes envers les femmes migrantes, cela a fortement contribué à exacerber les tensions internes de la communauté, en transformant des rivalités de territoire en mépris et en chasse des étrangères. Stratégie dailleurs reprise par les politiques, qui, pour faire taire les contestations, ne se sont pas gênés pour déclarer que la nouvelle loi sur le racolage passif ne concernerait que les femmes étrangères.
Aucun pays prohibitionniste na vu disparaître la prostitution. Aucune loi répressive na jamais aidé les prostituées, même lorsquelle dit sattaquer aux clients, comme en Suède. La plupart du temps, la prostitution devient donc clandestine. Linsécurité pour les personnes est alors à son comble et tout peut arriver dans la plus grande impunité. La clandestinité accroît dramatiquement tous les dangers auxquels les prostituées sont confrontées et rend les conditions de travail extrêmement précaires et difficiles.
Historiquement, une des grandes conséquences de la répression policière envers les prostituées se trouve être lorganisation illégale de la prostitution et avec elle le retour des proxénètes afin de se protéger de la police. On peut donc légitimement penser que la répression actuelle va transformer une activité contrôlée par les femmes en une de plus contrôlée par les hommes.
Mais les effets de la loi de sécurité intérieure sont bien pires encore pour les femmes étrangères, puisque leur permis de séjour pourra leur être retiré et quelles seront expulsées. Ceci peut sembler paradoxal, tant on nous a martelé leur statut de victimes suprêmes. Mais ceci nous permet de mieux comprendre encore lénorme hiatus entre les intentions affichées de la loi et la réalité. Présenter ces femmes (en censurant toute autre parole à leur propos) comme étant toutes des enfants incapables de décider quoi que ce soit les concernant, comme étant toutes vendues, battues, violées et forcées de se prostituer par de dangereux mafieux a permis de fournir le plus grand prétexte à cette loi, cest-à-dire la lutte contre les réseaux mafieux. Cependant, afficher un tel souci pour la violence contre les femmes alors que partout ailleurs elle est niée semble pour le moins douteux. Mais si lon veut soit-disant lutter contre les réseaux, comment expliquer que ce sont les femmes, pourtant considérées comme victimes, que lon va arrêter et/ou expulser.
Dautre part, la délation fait son entrée officielle dans le droit français, par le biais de la régularisation provisoire offerte à celles qui dénonceraient leurs proxénètes. Et toutes celles qui nen ont pas, pourront-elles dénoncer les conditions sexistes et économiques de leur pays dorigine quelles cherchent à fuir, la fermeture des frontières des pays européens qui les obligent à venir clandestinement, à payer des passeurs, à demander de laide à des hommes qui profitent de la situation ?
Ceci nest pas propre à la situation française, les lois internationales concernant la prostitution et le trafic des femmes dénient toujours le statut dadulte, le droit de migrer et le droit à lautodétermination économique et sexuelle pour les femmes.
La pénalisation des personnes prostituées est passée tranquillement, nous avons été très peu à les soutenir. Si lon a entendu quelques indignations, elles étaient souvent de circonstance ; nombre de personnes nont pu, à cause de leur abolitionnisme combattant ou rampant, se situer aux côtés de ces personnes. Même dans un cas aussi extrême que celui de couper une partie de la population (des plus stigmatisée et exclue) de ses revenus et de la possibilité de vivre décemment, rares sont celles et ceux qui ont réellement ressenti un sentiment de révolte face à linjustice dune telle loi.
En France, les ordonnances de 60, promulguées afin de lutter contre certains fléaux sociaux, définissent les prostituées comme des inadaptées sociales et des victimes à réinsérer. Jusquà la loi de sécurité intérieure, la prostitution nétait donc pas interdite, car considérée comme une affaire privée. Toutefois, des mesures visaient bien déjà à en gêner lexercice, comme celles concernant les atteintes à la moralité ou à lordre public. Mais si elle était perçue unanimement comme indigne et mettant en danger à la fois le bien-être de la personne, ainsi que celui de la famille et de la société (cf. la convention de 49), le fait dêtre ravalé au rang de victime nétait néanmoins pas une entrave à lexercice de cette activité. Certes, le prix en était toutefois très élevé.
En effet, travailler dans la prostitution a toujours demandé, outre les compétences propres à ce travail, de supporter la stigmatisation omniprésente. La répression était donc déjà de mise par les diverses contraintes découlant de labolitionnisme : impossibilité de trouver un logement sans passer par des magouilles (sous peine de se voir reprocher son absence de statut social reconnu), impossibilité de porter plainte en cas dagression (sous peine de se voir lancer à la figure une fin de non recevoir appelée « risques du métier »), restriction de leur vie privée (sous peine de voir lamant-e inculpé-e de proxénétisme), impossibilité de parler de son travail (sous peine de perdre tous ses proches ainsi que certains droits), impossibilité de sassocier entre prostituées (sous peine de passer pour des proxénètes autogérés)
On peut aussi rajouter à cela les abus constants de la police, initiés avec le fichage systématique des personnes, fichage pourtant interdit, mais dont la pratique constante en dit long sur la volonté dhumilier, de soumettre et de discipliner. Entre le rejet incessant dautrui et les difficultés pour accéder aux droits communs, il reste peu de place pour le bien-être. Lescroquerie de labolitionnisme, comptant à juste titre sur la bonne morale présente en chacun-e, est de faire croire que les effets induits par toutes ces violences sur les personnes concernées sont dûs à lactivité en elle-même et non au stigmate et à la répression tout azimut de la prostitution.
Mais le pire se trouve être dans la confiscation de la parole des prostituées, parole confisquée parce quinentendable, parce que jugée fausse, quelle soit perçue comme dictée par le vice, un proxénète ou par la misère la plus sordide. Quimporte le prétexte, pourvu quon ne les entende pas. Pourvu surtout quelles ne fassent penser à aucune femme que ce travail peut être un meilleur choix et quil suffirait den améliorer les conditions pour quil devienne égal à un autre.
Depuis mai 2002, la répression sest toutefois terriblement accrue. Dès le lendemain de sa nomination, le nouveau ministre de lintérieur sest empressé de partir en guerre contre la prostitution. Dès lors, les médias sen sont donnés à cur joie, ce qui a eu de grandes incidences sur la vie des personnes. En rajouter encore et toujours dans la stigmatisation reste le meilleur moyen pour rendre les conditions de travail désastreuses.
La loi de sécurité intérieure prohibe la prostitution en la qualifiant dacte délictueux et en menaçant les contrevenantes de 2 mois de prison et 3750 euros damende. La prostitution, traitée jusqualors en termes psychosociaux, le sera demain aussi en termes punitifs. Ainsi, la violence et lexclusion quelles subissent depuis toujours se conjuguent désormais à une inconditionnelle vindicte populaire et à une future privation de travail et/ou de liberté.
Le prétexte de cette loi est bien entendu sécuritaire, à linstar de nombreuses autres atteintes actuelles à la liberté individuelle. En y regardant dun peu plus près, on se rend vite compte que cette loi est un rappel à lordre et à la norme qui touche particulièrement les femmes. Figures emblématiques de la transgression et de désordre, les prostituées sont devenues ces derniers mois les nouveaux boucs-émissaires dune politique sécuritaire.
A Lyon, comme dans plusieurs villes françaises, la loi de sécurité intérieure avait quelque peu été anticipé par un arrêté municipal anti-prostitution, pris début août, qui interdisait de travailler sur la plus grande partie du territoire prostitutionnel lyonnais.
La police les a donc tout dabord chassées du centre-ville vers des lieux péri-urbains sordides, sombres et déserts. Refouler les personnes dans de telles zones facilite les agressions et leur impunité. Isolées, elles sont encore bien plus fortement exposées aux violences, que celles-ci viennent des clients, des passants ou de la police.
Ainsi, depuis le mois daoût 2002, nous avons constaté plus dagressions sur les personnes quen deux ans (voir le journal des répressions tenu par Cabiria sur le site cabiria.asso.fr). Ces agressions vont des insultes aux vols, en passant par des violences physiques et des viols. Mais ce sont aussi les violences et le harcèlement policier. Contrôles à répétition, insultes, menaces et abus de pouvoir ont été le lot commun. Vols de leur argent, verbalisations, confiscations de papiers et gardes à vues ont fait leur retour.
Dautre part, la répression conduit les personnes à négocier le plus rapidement possible avec les clients. Ne plus prendre le temps de jauger le client afin de le refuser sil est pressenti comme dangereux a des répercussions directes en termes de violences morales et physiques, mais aussi de santé. Un client sur trois demande des passes sans préservatifs et il arrive quil soit prêt à user de violence pour parvenir à ses fins. Les prostituées ont toujours été les meilleurs agents de prévention qui soient, mais la répression accroît les demandes de rapports non protégés ainsi que les prises de risque. La négociation du préservatif, dans une ambiance dinsécurité et de peur de se faire prendre par la police, devient ardue. Il faut, en un minimum de temps et en se cachant, à la fois évaluer le client, négocier ses prix, ses services, et le préservatif.
En outre la police, relayée par les médias, na cessé de chercher à diviser la communauté et dinciter à la haine raciale. Si certaines prostituées ne les ont pas attendus pour tenir des discours racistes envers les femmes migrantes, cela a fortement contribué à exacerber les tensions internes de la communauté, en transformant des rivalités de territoire en mépris et en chasse des étrangères. Stratégie dailleurs reprise par les politiques, qui, pour faire taire les contestations, ne se sont pas gênés pour déclarer que la nouvelle loi sur le racolage passif ne concernerait que les femmes étrangères.
Aucun pays prohibitionniste na vu disparaître la prostitution. Aucune loi répressive na jamais aidé les prostituées, même lorsquelle dit sattaquer aux clients, comme en Suède. La plupart du temps, la prostitution devient donc clandestine. Linsécurité pour les personnes est alors à son comble et tout peut arriver dans la plus grande impunité. La clandestinité accroît dramatiquement tous les dangers auxquels les prostituées sont confrontées et rend les conditions de travail extrêmement précaires et difficiles.
Historiquement, une des grandes conséquences de la répression policière envers les prostituées se trouve être lorganisation illégale de la prostitution et avec elle le retour des proxénètes afin de se protéger de la police. On peut donc légitimement penser que la répression actuelle va transformer une activité contrôlée par les femmes en une de plus contrôlée par les hommes.
Mais les effets de la loi de sécurité intérieure sont bien pires encore pour les femmes étrangères, puisque leur permis de séjour pourra leur être retiré et quelles seront expulsées. Ceci peut sembler paradoxal, tant on nous a martelé leur statut de victimes suprêmes. Mais ceci nous permet de mieux comprendre encore lénorme hiatus entre les intentions affichées de la loi et la réalité. Présenter ces femmes (en censurant toute autre parole à leur propos) comme étant toutes des enfants incapables de décider quoi que ce soit les concernant, comme étant toutes vendues, battues, violées et forcées de se prostituer par de dangereux mafieux a permis de fournir le plus grand prétexte à cette loi, cest-à-dire la lutte contre les réseaux mafieux. Cependant, afficher un tel souci pour la violence contre les femmes alors que partout ailleurs elle est niée semble pour le moins douteux. Mais si lon veut soit-disant lutter contre les réseaux, comment expliquer que ce sont les femmes, pourtant considérées comme victimes, que lon va arrêter et/ou expulser.
Dautre part, la délation fait son entrée officielle dans le droit français, par le biais de la régularisation provisoire offerte à celles qui dénonceraient leurs proxénètes. Et toutes celles qui nen ont pas, pourront-elles dénoncer les conditions sexistes et économiques de leur pays dorigine quelles cherchent à fuir, la fermeture des frontières des pays européens qui les obligent à venir clandestinement, à payer des passeurs, à demander de laide à des hommes qui profitent de la situation ?
Ceci nest pas propre à la situation française, les lois internationales concernant la prostitution et le trafic des femmes dénient toujours le statut dadulte, le droit de migrer et le droit à lautodétermination économique et sexuelle pour les femmes.
La pénalisation des personnes prostituées est passée tranquillement, nous avons été très peu à les soutenir. Si lon a entendu quelques indignations, elles étaient souvent de circonstance ; nombre de personnes nont pu, à cause de leur abolitionnisme combattant ou rampant, se situer aux côtés de ces personnes. Même dans un cas aussi extrême que celui de couper une partie de la population (des plus stigmatisée et exclue) de ses revenus et de la possibilité de vivre décemment, rares sont celles et ceux qui ont réellement ressenti un sentiment de révolte face à linjustice dune telle loi.
Chargée de recherche à Cabiria, association de santé communautaire avec les personnes prostituées.