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Sortie du DVD de Notre Monde

Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas Lacoste
Rassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°35 [juin 2001 - août 2001]
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Le passant a aimé


Stéphanie Benson, Le Dossier Lazare (Rivages/Noir). A la lisière du fantastique, et quelquefois en deçà Stéphanie Benson puise dans un fait divers récent (la liquidation par un lycéen russe de toute sa famille) la matière d’un roman noir où le jeune meurtrier et l’enquêteur se retrouvent dans les limbes pour tenter de faire chacun le chemin inverse l’un de l’autre. Le premier, Lazare au nom décidément prédestiné, tombé dans un profond coma, essaie de revenir à la vie. Le second, l’inspecteur Nomane, ne pense qu’à donner la mort. Entre le porteur d’espérance et celui du désespoir se tisse une complicité étrange que l’écriture de Benson sait porter à un haut degré de tension.



B.D.



Marie-Christine Labourie utilise la voie du roman pour apporter sa contribution à la défense de la cause des Sans terre au Brésil. Brésil sans terre (Utovie, 1997, 191 p.) est un récit politique et initiatique qui, par le truchement d’une fiction parfois un peu épaisse, évoque la pauvreté, la détresse et l’injustice mais aussi la vitalité, la solidarité et la combativité de ces hommes et femmes qui ne renoncent pas.



V.L.



Robert Laxalt, Portrait basque (éd. Autrement, 79 F) Laxalt est un écrivain américain revenu un temps au pays de ses ancêtres. Dans une série de textes courts qui sont autant de portraits de Basques, il raconte le monde rural des années 60, en Soule. Laxalt est un poète, il sait parler des habitants de là-bas qui ont, un peu à la manière de Verlaine, je cite de mémoire, « l’inflexion grave des voix chères qui se sont tues ». C’est une poésie noble, un peu solennelle, grave comme l’évoque le titre original américain. Il sait aussi soigner les chutes de ces petits récits par une touche morale, comme si chacun de ses textes recelait un enseignement sur les gens qu’il décrit, en dépit de l’opacité de la « basque way of life », dont il témoigne.



B.D.



Revue HAR/FAR, le mensuel bilingue du Croc, le Corrent Revolucionari Occitan, des Palois plutôt radicaux qui se battent pour que « le droit à sa langue propre soit un droit élémentaire pour tout peuple ». Dans la livraison d’avril, la signalisation bilingue en Béarn ,la répression syndicale dans le groupe papetier Gascogne, une interview de zapatistes, le foncier agricole, le nucléaire, etc. Bref, de la résistance pur sucre !



J.F. M.



Hervé Le Corre, Copyright (Gallimard, Série Noire).

dans mon Quillet trois volumes, y’a deux Balthazar : l’un des mages venus adorer l’enfant Jésus, et le triste régent de Babylone (554-539 avant J.C), un type assez infect tué par Cyrus au cours d’une orgie. Dans le bouquin d’Hervé Le Corre, qui ne se refuse rien, en v’là un troisième : un bébé qui s’annonce, un vrai, fait traditionnellement d’un homme et d’une femme, avec les moyens du bord. En dehors du fait que ça rime avec amour et hasard dans la dernière phrase, (et j’aime quand ça rime, à l’intérieur), ça pourrait être une des bonnes nouvelles (l’Annonciation ?) que nous ramène l’auteur de son périple dans les années cinquante de ce siècle-ci, ce qui ne nous rajeunit pas. Le monde de ce temps-là est pourri, mais, comme le laisse entendre Hervé, on sent déjà l’odeur du côté de chez nous : une affaire de reproduction d’êtres humains, de consciences hébétées prisonnières des apparences du cyber-monde et des réalités de la domination quotidienne de quelques-uns sur tous les autres. Un monde tout à l’ombre, plein d’existences furtives, où l’éternité est une marchandise qui se négocie cher, un monde de trafic d’armes, de secrets financiers, d’organisations occultes, où l’on peut s’évanouir de rage en consultant « les relevés lexicographiques du mot démocratie ». Heureusement, un monde où les camarades en lutte contre le totalitarisme neuronal peuvent prendre l’apparence d’Ava Gardner (Hervé, si tu connais réellement le truc, pitié, donne-le nous !).

Un monde dans cinquante ans, simple excroissance de ce que nous mettons en place (ou laissons faire) aujourd’hui. M’est avis que le fils Le Corre, en bon sudiste combattant, a plutôt l’intention que l’on se bouge ici et maintenant pour éviter de vivre cette infamie plus tard. D’ailleurs, j’ai ma petite idée : ce livre, que l’on sent jubilatoire et mijoté sur le feu d’un style classique en opposition maligne avec le futurisme ambiant, n’est pas de science-fiction ou de polar-fiction… Il est écrit au passé, comme si nous nous trouvions au-delà de ces temps de fer, comme si le chemin du combat de quelques-uns que nous décrit Hervé avait au moins abouti à ce que la parole existe, et qu’il reste encore des écrivains, capables de nous dire ce qui arrive quand on baisse la garde et qu’on s’anesthésie la vie. Il reste encore des écrivains : la preuve !


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