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Sortie du DVD de Notre Monde

Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas Lacoste
Rassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
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© Passant n°28 [mars 2000 - avril 2000]
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Le vide-ordures




On a sûrement tout dit sur la Tempête de Noël. Ceux qui ont tout perdu, ou presque et qui se sont arrachés à la vie, au fond de la Dordogne ; ceux qui se sont gelés dans le noir pendant des semaines ; ceux que le vent a emportés, les gens, les toits et les arbres. Un toit, encore, ça se reconstruit ; mais les arbres, tous ces arbres déjà verts ou encore centenaires, les racines à l’air... les arbres assassinés, pieux clairsemés, tendus dans la violence des hommes. Au matin, et de nombreux jours encore : la désolation. La gorge nouée et le ventre honteux.

Car la tempête, l’oublie-t-on, c’est nous. Les conditions climatiques, c’est nous, car le trou dans la couche d’ozone et le réchauffement de la planète, c’est encore nous ! La marée noire, c’est nous ; les oiseaux mazoutés dans la mer (c’est dégueulasse) les poissons injectés de pétrole (baisent dedans), c’est re-nous. La vache folle, les poulets à la dioxine et les rillettes à la listériose (tiens, que de la bidoche... je vous le dis qu’on finira tous végétariens !), c’est aussi nous.

Nous et les autres… zéro-zéro supers Zorro plein de sou(pe)s qu’ont juste trouvé superflu et surtout pas assez rapide, donc pas assez enrichissant, de faire dé-rouiller un raffiot tout pourri prêt à vider son sang visqueux dans les entrailles de la mer...

Mais les conneries, c’est toujours les autres qui les font, surtout lorsqu’ils sont bien enracinés (eux) dans le monde politico-capitalisto-pourri.

N’empêche que les actes écolos (citoyens), c’est à chacun(e) de nous, tous les jours, de les poser.

C’est arrêter de balancer ses restes de pique-nique n’importe où dans la forêt et de vider son cendrier sur la pelouse. Ne plus prendre sa bagnole pour faire cent mètres. Cesser d’enfoncer dans le bide de la terre nos déchets radioactifs. Arrêter de bouffer des saloperies chimiques ou génétiquement modifiées et de s’empiffrer de pauvres bestioles elles-mêmes alimentées comme on flanque de l’essence dans nos machines à rouler vite. Apprendre à trier ses ordures, à acheter du papier recyclé, à réutiliser les emballages, à donner plutôt que jeter, à partager plutôt que se goinfrer... à ne plus laisser son chien évacuer fumant devant la porte des voisins !

Bref ! Bref, essayer d’être autre chose que des sales porcs irrespectueux de la Vie et des autres. En finir avec toutes ces saloperies infligées à la belle bleue, à la belle verte, à l’humain-son-frère. Ne plus considérer, enfin, la planète comme une poubelle, son écorce comme un torchon et ses habitants comme des vauriens.

Alors, peut-être que la « colère des Dieux », comme disent quelques excessifs que j’aime bien, cessera d’abattre nos arbres, la Vie, nous laissant désemparés au milieu de nos merdes de bitume et de tôle ondulée, ce décor misérable que nous avons planté.


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