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Sortie du DVD de Notre Monde

Notre Monde Notre Monde (2013, 119') un film de Thomas Lacoste
Rassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy à « une pensée commune ». Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
chronique Livres de Anna Traney
Keith Dixon - Frédéric Lebaron - Abélard

Keith Dixon

Trois ouvrages ont paru en décembre 2003 chez un nouvel éditeur, les éditions du Croquant (www.editions-croquant.org ou dans toutes les bonnes librairies), dans une collection animée par l’association « Raisons d’agir ». Savoir/agir, telle est donc la bannière de ladite collection ; savoir pour agir ou savoir agir, les deux dimensions de la réflexion et de l’action ne pouvant être, au final, dissociées.

L’ouvrage signé aujourd’hui par Keith Dixon, Professeur de Civilisation Britannique à l’Université de Lyon 2, est d’une certaine manière le troisième panneau du triptyque consacré à la diffusion de l’idéologie néolibérale dans la « vieille Europe ». « Les Evangélistes du marché » (Seuil/Raisons d’Agir 1998) mettait en lumière l’action des « think tanks » dans l’élaboration du prêt-à-penser néolibéral, sous Thatcher, puis dans sa diffusion, bien au-delà des milieux conservateurs, au cœur même du « nouveau » parti travailliste anglais. Cette filiation entre Margaret Thatcher et Anthony Blair faisait d’ailleurs l’objet du deuxième opus, « Un digne héritier », paru en 2000, toujours dans la collection Raisons d’agir du Seuil. Dans cette troisième livraison La Mule de Troie. Blair, l’Europe et le nouvel ordre américain Keith Dixon montre comment désormais ce néolibéralisme anglo-américain de « deuxième génération », adaptation du thatchéro-reaganisme, s’exporte sur le continent (européen), et en particulier en France, sans user d’ailleurs de savants stratagèmes : d’où l’image retenue, d’une Mule, plutôt que d’un cheval, de Troie, ce qui n’enlève rien au danger de l’offensive, la Mule continuant à avancer, creusant chaque jour un peu plus le sillon de cette « troisième voie » libérale, triste utopie pour ce nouveau siècle.

Frédéric Lebaron, sociologue à l’Université d’Amiens, dans Le Savant, le politique et la mondialisation, montre que la mondialisation, au-delà de ses formes et de ses effets économiques, est aussi une rhétorique, permettant de convertir les populations au dogme économique libéral, en le naturalisant. Une rhétorique donc, portée par des hommes politiques, mais aussi par des experts auto-consacrés, économistes, journalistes, journalistes économiques, heureusement contrée par le mouvement « altermondialiste ».

L’emprise du néolibéralisme s’étend donc, bien qu’elle suscite des résistances, et gagne même des espaces qui échappaient au libéralisme traditionnel : Universitas calamitatum ! Abélard, figure intellectuelle du Moyen Age, et désormais pseudonyme d’un collectif d’universitaires, se dresse depuis décembre 2003 contre ces modernisateurs porteurs d’un « plan d’ajustement structurel » pour les Universités, réforme qui, loin d’apporter un quelconque progrès dans la démocratisation du système, vise avant tout sa transformation marchande. Dans Universitas calamitatum : Le Livre noir des réformes universitaires, Abélard démonte ainsi les justifications avancées par les modernisateurs, en termes d’ouverture internationale, de pédagogie et de professionnalisation, dévoilant alors leurs intérêts propres dans le processus en cours qui voit les universités se rapprocher, elles aussi, du modèle de l’entreprise.



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